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 extraits d'édito d'Olivier Py "Singularités", 72éme festival d'Avignon (2018)

 

Extraits de l'édito d'Olivier Py, "Singularités", ce 72éme Festival d'Avignon (2018)

 

 

Singularités

Olivier Py

(extraits)

 

 

"( )Pour le monde financier, économique et politique, il n'y plus qu'un seul message : "Pas d'alternative". Pas d'alternative semble le mot d'ordre de notre temps. ( )

Le remplacement progressif des forces politiques par les forces financières s'opère toujours comme inéluctable donc comme l'était la monarchie de droit divin. Et pourtant, nous ne pouvons  nous contenter  de cette inéluctabilité si utile  pour les quelques minorités richissimes  qui décident de l'avenir du monde.

 

C'est à notre tour de dire qu'il n'y a pas d'autres alternatives  que la culture et l'éducation.

 

Il y a des alternatives au syllogisme  qui veut que le monde libéral n'ait pour remède qu'un monde encore plus libéral. Il nous faut changer de point de vue, prendre une hauteur de champ et surtout commencer à nous battre non pour notre victoire mais pour celles des générations qui viennent.  ( )

 

A ceux qui, à défaut de croire en l'histoire, croient encore en l'avenir, c'est l'art qui permet de dépasser le désespoir de la lucidité et d'atteindre la fraîcheur de l'espoir.

( ) C'est de la que viendront les alternatives à un mode de vie qui détruit le sens autant que la planète.

On a longtemps  pensé qu'un homme seul ne pouvait subvertir la violence du monde et que seule une organisation politique capable d'assurer la convergence des luttes et de construire une masse révoltée était à même de le changer. Pourtant une nouvelle  une nouvelle génération  croit bien plus à la singularité qu'à l'agglomérat. La singularité est le nom que donnent les physiciens au centre tout-puissant des trous noirs, origine d'une énergie inconnue mais si forte qu'elle pourrait arrêter le temps.

Parfaite définition de l'art : une singularité qui concentre tant d'énergie positive qu'elle peut courber le temps et arrêter l'héritage du malheur. C'est ce qui advient au cours de ce mystère de la représentation hors temps. Communauté convergente vers le centre du sens et réouverture de toutes les alternatives politiques. C'est en cela que l'art de la scène est une transcendance, non parce qu'il nous demande de célébrer la puissance d'un dieu mais parce qu'il nous rappelle qu'il y a dans le collectif une somme de singularités qui si elles s'accordent peuvent véritablement changer le cour du temps. ( )

Nous avons l'espoir d'un changement de genre politique qui n'assigne plus notre devenir à la nécessité économique et aux dieux obscurs de la finance. Nous apprenons à désirer autre chose pour que les générations à venir conservent l'ivresse du possible."

 

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