Singularités
Olivier Py
(extraits)
"(
)Pour
le monde financier, économique et politique, il n'y plus qu'un seul
message : "Pas d'alternative". Pas d'alternative semble le mot d'ordre
de notre temps.
( )
Le remplacement
progressif des forces politiques par les forces financières s'opère
toujours comme inéluctable donc comme l'était la monarchie de droit
divin. Et pourtant, nous ne pouvons nous contenter de cette
inéluctabilité si utile pour les quelques minorités richissimes qui
décident de l'avenir du monde.
C'est à notre
tour de dire qu'il n'y a pas d'autres alternatives que la culture et
l'éducation.
Il y a des alternatives
au syllogisme qui veut que le monde libéral n'ait pour remède qu'un
monde encore plus libéral. Il nous
faut changer de point de vue, prendre une hauteur de champ et surtout
commencer à nous battre non pour notre victoire mais pour celles des
générations qui viennent. ( )
A ceux qui, à
défaut de croire en l'histoire, croient encore en l'avenir, c'est
l'art qui permet de dépasser le désespoir de la lucidité et
d'atteindre la fraîcheur de l'espoir.
( )
C'est de la que
viendront les alternatives à un mode de vie qui détruit le sens autant
que la planète.
On a longtemps pensé
qu'un homme seul ne pouvait subvertir la violence du monde et que
seule une
organisation politique
capable d'assurer la convergence des luttes et de construire une masse
révoltée était à même de le changer. Pourtant une nouvelle une
nouvelle génération croit bien plus à la singularité qu'à
l'agglomérat. La singularité est le nom que donnent les physiciens au
centre tout-puissant des trous noirs, origine d'une énergie inconnue
mais si forte qu'elle pourrait arrêter le temps.
Parfaite
définition de l'art : une singularité qui concentre tant d'énergie
positive qu'elle peut courber le temps et arrêter l'héritage du
malheur.
C'est ce qui
advient au cours de ce mystère de la représentation hors temps.
Communauté convergente vers le centre du sens et réouverture de toutes
les alternatives politiques. C'est en cela que l'art
de la scène est une transcendance,
non parce qu'il nous demande de célébrer la puissance d'un dieu mais
parce qu'il
nous rappelle qu'il
y a dans le collectif une somme de singularités qui si elles
s'accordent peuvent véritablement changer le cour du temps.
( )
Nous avons
l'espoir d'un changement de genre politique qui n'assigne plus notre
devenir à la nécessité économique et aux dieux obscurs de la finance.
Nous apprenons à désirer autre chose pour que les générations à venir
conservent l'ivresse du possible."
.
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