les spectacles du Festival d'Avignon 2007
C

Théâtre musical

CABARETJE
de Claude Semal
 La Charge du Rhinocéros
 
avec : Claude Semal, Eric Drabs
Mise en scène : Martine Kivits, Laurence Warin
Costumes : Odile Dubucq. Lumières : Gauthier Minne Régie : Michel Gilsoul

 

 

du 6 au 27 juillet 2007 (relâche le 16)
22H30. Théâtre des Doms : 1 bis rue des Escaliers Sainte Anne
Durée : 1H30

 

Le Théâtre des Doms : La Vitrine Sud de la Création en Belgique Francophone
Réservation : 04 90 14 07 99

 

Cabaretje est un ensemble d'histoires ponctuées de musique prenantes qui expriment la conscience de l'auteur et par extension celle de la Belgique. Car en effet plus qu'ailleurs, plus qu'en France en tout cas il me semble, on y a un sentiment de responsabilité et de prise de position affirmée face à ce qui arrive à nos semblables, autour de nous ou plus loin, même sans être personnellement concerné.
Je voudrais donner pour exemple ce qui concerne ce qui arrive aux sans-papiers, dont la pièce parle avec un regard suffisamment acéré, rapide et drôle pour être reçu dans un spectacle, et qu'on ne l'oublie pas ensuite. L'initiation, sous couvert de comique, du policier qui doit apprendre à étouffer un rapatrié de force (ce qui me rappelle la phrase d'un certain politique élu aujourd'hui, parlant d'un: "candidat "à vocation" d'être reconduit" renvoyant un homme condamné à mort par le régime de son pays, et qui le fût une fois arrivé) en faisant passer le meurtre pour un accident, avec au préalable des mots à la fois doucereux et injurieux pour la victime, officiellement reconduite en Afrique son pays. Ici le flamand policier initié refuse, après avoir testé sur lui-même ce qu'on lui demande de refaire, s'apercevant qu'avec un oreiller sur la bouche... on ne peut plus respirer. Très innocent, avec un accent belge bien prononcé, le personnage est drôle et on est heureux de le voir refuser de faire ce dont il vient de prendre conscience. Je parle ici de quelque chose de grave et pourtant le spectacle est (mis à part quelques passages un peu trop "légers")  délicieusement drôle tout le temps.
Comment oublier la complainte de la betterave, si utile au pays, en cuisine, comme chauffage, en boisson... Et l'irrésistible, oui vraiment, frite, en chapeau et gant jaune, qui heureuse de sortir du réfrigérateur où elle est toute blanche, s'enduit d'huile à bronzer et se retrouve à danser dans de l'huile bouillante, criant tout à coup que c'est trop chaud, avant de retrouver dans une assiette ses camarades- frites.
Des passages musicaux sont particulièrement beaux et forts par les sentiments qu'ils laissent. Les comédiens sont parfaits lorsqu'ils imitent un personnage ou une chose. On rie et on s'émeut. C'est une histoire personnelle aux mots choisis, avec des évocations poétiques de l'atmosphère d'un pays, comme celles des ciels de la mer du Nord,  ou celle d'une chanson de Brel qui aurait tel un minotaure, conservé pour moitié sa figure originale et prise pour l'autre moitié celle de Claude Semal.
Le final particulièrement beau dans une musique toute en notes d'espoir et de vitalité, ponctué d'éclats d'harmonica, trouve un public réceptif qui applaudit, rappelle trois fois les comédiens, au milieu des bravos.
 

Dimanche 8 juillet 2007

 

 

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Théâtre, enfants (et grands)

 

 
 
LE CHANT DES GÈNIES
de Nacer Kémir

Compagnie Art Tout Chaud

 

Mise en scène : Hervé Germain
Avec : Luc Kienzel, Sibylle Luperce, Philippe Patois.
Lumières : Didier Malaizé. Costumes : Bertrand Sachy. Masques : Etienne Champion. Perruques : Colette Kramer.
Sons : Lug Lebel. Scénographie : Xavier Lefrancq.

La Compagnie Art Tout Chaud revendique un théâtre populaire explorant les différentes formes de la comédie humaine. Co-production : le Théâtre du Beauvaisis. Soutiens : DRAC Picardie, Conseil général de la Somme, Maison du Théâtre d'Amiens etc

 

du 6 au 28 juillet 2007
10H45. Espace Alya : 31 bis  rue Guillaume Puy Réservation : 04 90 27 38 23
Durée : 45 MM

 

J'ai admiré les portraits brossés parfaitement de ces trois personnages du conte de Nacer Kémir.  Par leurs costumes, les décors, des gestes et quelques bribes de paroles, ils décrivent parfaitement un caractère, une situation qui se situe dans le contexte de son lieu originel (et qui, comme dans tous les contes, pourraient aussi se passer ailleurs). J'ai admiré comment en quelques gestes on pouvait décrire ce que représente une femme dans la culture de l'auteur. Très ingénieusement la femme qui est ici placée souvent au centre, entre son mari et son fils, étale ses jupes en guise de couverture lorsqu'il est l'heure de dormir, en guise de nappe lorsqu'il est l'heure de manger. A cette heure là, elle sort d'en dessous de ses jupes le plat qui constituera le repas de la famille (dans un tiroir situé dans le socle de sa chaise). Ce qui constitue le plat, par mime, quelques graines convoitées par tous, sera d’abord présenté par la femme au mari, puis à l'enfant, la femme glanant ensuite seulement une graine. Repas vite expédié, trop vite au goût de son mari qui trouve le plat vide. Les lumières, les costumes, aux tonalités passées et chaudes, dans des tons de rose, vert et ocre, sont très réussis. La ville lointaine où le travail est censé se trouver est évoquée par la représentation d'échafaudages et de toits, éclairés par l'arrière en rouge (en bleu lorsque est représenté un ailleurs moins difficile) vu à travers un drap au fond de la scène. Le conte décrit le parcours d'un homme qui ne peut faire qu'un repas par jour. Une fois marié, avec un enfant, il décide, n'ayant pas trouvé d'autre solution et malgré les constantes mises en garde de sa femme sur le caractère dangereux de cette entreprise, de cultiver le Champ des Génies. Ceux-ci l'aident dés qu'il répond à la question : "que vient tu faire ici ?". Une aide si efficace (et surhumaine) qu'elle finit par se retourner contre les siens puis sur lui-même, lorsqu'un jour il décide de corriger son fils qui à fait une erreur et alors que celui-ci, de peur d'une correction est resté dans le champ où son père le retrouve, ce qui le perdra. Une fin que je regrette alors que j'ai adoré jusqu'ici toute la pièce, par son traitement, les personnages, l'analyse juste, avec peu de paroles, de ce qui fait sens, l'atmosphère évocatrice.

 

lundi 23 juillet 2007