les spectacles du Festival d'Avignon 2007
O P 

 

Théâtre
ON  EST  PEU  DE  CHOSES
(quand on y pense...)

La Calma

 

Mise en scène : Toni Arteaga.
Avec : Eric Dubour, Eric Kienzel (Omer), Melissa Wainhouse.  
Costumes : Virginie Rouffignac. Décors : Etienne Champion. Lumières : Didier Malaizé
 
du 6 au 22 juillet 2007
19H30. Clos de l'Abbaye. Villeneuve-lez Avignon
Durée : 55MM

 

    

 

Un spectacle intelligent qui déclenche un rire sain, avec quelques paroles seulement. Burlesque, vivant, tendre. Ils sont trois personnages comme on en connaît, comme on en a entendu dans des cafés, trois amis, sur un banc, qui discutent, refond le monde, ou plutôt lancent des phrases qui à elles seules veulent tout dire. Ils sont de ces gens qui n’ont pas grand-chose à dire mais qui ont toujours beaucoup de choses à revendiquer, et qui protestent sans véritables arguments. Aussi ils lancent des bribes de phrases pleine de sous-entendus et de points de suspensions dans la voix.  Avec juste ça, on a tout compris (de la vaste litanie qui suivra ces injonctions). Leurs nez sont masqués, ils sont trois sortes de clowns, je dirai qu’ils représentent, le teigneux (Omer), le clochard dit rusé (Baril) et le vrai clown plutôt gentil mais rusé (José). Les phases toutes faites font à elles seules les conversations qu’ils engagent, comme des clichés, et les points de suspensions leurs tiennent bien lieux d’arguments alliés à la façon péremptoire dont ils sont assénés. .

«ME-OI» répète souvent le teigneux pour ponctuer ses phrases, pour en accentuer l’importance, «ME-OI, qui…». «Parce que, Attention hein...! Parce que… Ben y’a des !… Il faut que ME-OI…" Et TE-OI.." Tu sais que c'est ME-OI qui... " "Bon...:  une Supposition ?  Une Supposition Hein..." Le rire est irrésistible, on comprends tout de suite ce que ces débuts de phrases doivent évoquer, le genre de sujets et de personnes qui les proclament. Leurs personnages sont émouvants, cette analyse de caractère et de manière d'être est faite par des gens intelligents, donc tolérants, le contraire de ceux qu'ils parodient. Le spectacle se déroule en plein air, à la lisère d'une forêt ou plutôt de la campagne, de fait on entends un formidable chant de coq, impromptu mais fort à propos, qui ponctue une déclaration. Cette rencontre comique, bucolique, intellectuelle, est un moment heureux.

Samedi 21 Juillet 2007

 

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Théâtre-enfant (et plus grands)
Création Avignon 2007
PINOCCH  DE  PANAME

Compagnie CQFD

 

Avec : Amandine Flé, Christophe Brocheret, Cécile Cloitre. Mise en scène : Marc Pacon. Costumes : Annick Serret. Musique : Amandine Flè

Avec le soutient de la Régions Paca, du département des Hautes Alpes. Coproduction avec le Théâtre des Vents.

 

du 6 au 28 juillet 2007
10H30. Théâtre des Vents : 63 rue Guillaume Puy Réservation : 06 79 59 70 40
Durée : 1H
 

 

Je conseillerai ce spectacle pour enfants, à ceux qui veulent retrouver le temps du festival où de jeunes comédiens vivant leur passion au quotidien étaient en quête ardante de transmettre au public leur amour de raconter des histoires et de faire rêver. Ce qui est le cas ici.
Cette pièce, dans ce petit théâtre rempli à craquer où il est écrit " Le Cri du peuple" entre ses rideaux rouges, m'a fait revivre l'époque où Claude Reboul "l'organiste barbare", chantait, s'accompagnant de son orgue de barbarie devant le Palais des Papes, le soir pendant qu'on jouait à l'intérieur du Palais et que tout le public reprenait en un parfait coeur "Sous les Ponts de Paris" ou la Complainte de la butte, dans une chaleur fraternelle.
On entends dans cette pièce, les notes avec quelques bribes de paroles, de ce bel air sur la butte de Paris, revisité. Une matière sonore mêlant chants voix d'enfants à des sons d'ambiance de rues, qui accompagne les images d'un film d'époque sur Paris projeté sur une toile. Particulièrement beau et touchant lorsque l'écran devenu bleu comme un ciel vu d'une montagne, montre en ombre chinoise, une femme et un enfant qui s'éloignent, semblables à Charlie Chaplin, tandis que du brouillard monte sur scène envahissant peu à peu l'image mouvante.
C'est l'histoire d'un Pinocchio réorchestré, pendant la période de la Révolution, alors que des enfants vivaient dans les rues. Les personnages sont habillés dans des costumes très réussis, réalistes et esthétiques, selon cette époque d'avant 19OO. Une jeune femme qui parle l'argot comme ses compagnons rappelle Arletty. En guise de morale, le fils de Gepetto qui a retenu les leçons de son père tandis que ce dernier n'en a plus le courage, veut espérer mieux que le présent, et conquérir les choses belles de la vie. Il est question de ne plus avoir honte de ce qu'on est, de ne pas se laisser insulter par ceux qui ont le pouvoir et l'argent. Des questions de luttes et de réussites quand on a compris ce qui à une véritable importance.

 

Samedi 14 juillet, fête de la Révolution française

 

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

   
Théâtre

Création Avignon 2007

PARCOURS D'UN DEVENU FRANCAIS

de Sandra Jaganathen
 
Malia Compagnie
 
 
 
Avec : Sandra Jaganathen.  Mise en scène : Jean-Christophe Bacconnier
Musique : Jérôme Garbarino. Vidéo : Ettore Cellie.
 
du 6 au 16 juillet 2007
17H. Le Funambule : 16/18 rue Joseph Vernet Réservation : 04 90 14 69 29
Durée : 1H05

 

Le Théâtre du Funambule s'attache à programmer des textes d'auteurs contemporains, vivants, et des créations originales. Cette année il met l'accent sur la culture Taïwanaise en accueillant 6 spectacles venus de Taïwan.
 
 
 

 

La jeune femme brune aux joues rondes et aux vêtements souples raconte les souvenirs de la petite fille qu'elle était, qu'on peut imaginer avec des cheveux noirs brillants et lisses, une frange attachée peut-être à l'aide de barrettes autour du visage. Les souvenirs qu'elle a avec son père sont particuliers et bien à elle mais ils pourraient être les nôtres : une barbe à papa, un marché un matin, une plage, un pique-nique. Elle a grandie en France et son père y est arrivé très jeune. Seuls quelques détails sont en rapport avec le pays d'origine de son père, l'île Maurice. Son père est Hindou d'origine comme beaucoup d'habitants de l'Ile, ce que nous apprends un petit film sur l'histoire que j'ignorais de ce pays, sorti d'un téléviseur que la jeune femme mets en marche au cours de son récit pour nous montrer, nous expliquer le contexte du pays dont elle parle. On y voit des fleurs magnifiques mauves et orangées, des herbes duveteuses blanches qui se balancent dans le soleil. On y entends la voix de son père qui se raconte, puis on voit son visage ce qui est émouvant.
 
La jeune femme glisse rapidement dans la peau de son père jeune tandis qu'elle poursuit son récit en continuant à dire «je». Elle prends ainsi sa relève. Le début, c'est sa vie d'enfant auprès de ses parents. Les lieux et les faits nous sont racontés comme par une amie chez qui on serait reçu, avec des inflexions de voies suivant ce qu'elle raconte, pendant qu'elle aménage sa maison, dépliant un tapis, étalant des tissus aux couleurs unis.
Ses parents ne comprennent pas bien l'intérêt de faire des études pour la vie future d'un enfant. Eux-mêmes n'en ont pas fait. Et les études sont payantes. Malgré tout l'enfant est envoyé à l'école, puis plus tard s'arrange pour continuer à y aller, promettant de rendre l'argent aux personnes amis qui lui ont permis de continuer. Par manque d'argent, dans des conditions de vie où la cuisine se fait dehors et où on vit à plusieurs dans une pièce, étudier est difficile; on accuse l'adolescent parfois de voler, «je suis devenu le caïd du village». Puis il a voulu partir, aller en France, le pays de ses langues maternelles, avec le créole, l'Anglais, car il est trilingue (même plus, puisqu'on parle aussi l'arabe et d'autres dialectes locaux à Maurice). D'abord hébergé par des compatriotes, puis avec l'aide sociale lorsque ses amis le lâche, il veut continuer ses études qu'il à finit par interrompre dans son pays. Après avoir été agent hospitalier, puis aide-soignant,  il réussit à passer un diplôme d'infirmier. Des étapes qu'il est fier d'avoir réussies, aimant son métier et étant aimé de ceux qu'ils soignent. Ses parents n'en reviennent pas, leur fils soigne des blancs !  Car à Maurice les blancs ne parlent pas aux Mauriciens qui ne sont pas blancs. Il a été surpris en France de l’égalité apparente entre les gens. Tout est bien différents en France. Une des choses les plus complexes pour lui c'est le rapport avec les femmes, si différent de chez lui.
A Maurice, hommes et femmes ne se mélangent pas. Les mariages sont arrangés par les familles. Soit l'homme et la femme sont côte à côte, soit l'un derrière l'autre. En France il est étonné de voir des couples s'embrasser, se tenir par la main, ça ne se fait pas chez lui. Les femmes n'ont aucun droits, n'ont pas à avoir d'opinion, ni parler hormis dans leur cuisine ou pour s'occuper des enfants. Le but du mariage pour les femmes est uniquement celui d'avoir des enfants, et de s'occuper de leur mari. Ici en France elles peuvent décider, faire et dire ce qu'elles veulent. Ce qui est déroutant pour lui. C'est un clash permanent de différences, bien qu'il voit ces états de faits depuis longtemps. Il n'arrive pas à s'habituer car pour lui l'image de la femme c'est celle de sa mère dans sa cuisine, qui est là pour s'occuper des enfants. Ici en France, il faut donc faire des concessions pour arriver à vivre en couple puisque chacun à les mêmes droits. Faire des concessions n'est ce pas un peu perdre de sa personnalité ? Son village à bien changé. Il n'en a pas vu les étapes, aussi c'est troublant. Ce n'est plus le village d'autrefois, fraternel et calme. L'Européanisation est passé par là. Chaque Mauriciens veut maintenant les derniers objets à la mode, et la course à l'argent est toujours plus présente, ne serait-ce que pour épater son voisin avec qui on est maintenant en compétition.
 

lundi 16 juillet 2007

 

 

 

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

 La petite aux tournesols
de Noëlle Châtelet

 

Adaptation et interprétation : Françoise Lhopiteau-Chédor
Mise en scène : John Mc Lean
Musique : Jérome Klur. Décor et Création Lumière : Claude Marchand

 

du 6 au 28 juillet 2007 les jours pairs
12H30. Le Funambule : 16/18 rue Joseph Vernet
Durée : 1H20

 

Le Théâtre du Funambule s'attache à programmer des textes d'auteurs contemporains, vivants, et des créations originales. Cette année il met l'accent sur la culture Taïwanaise en accueillant 6 spectacles venus de Taïwan.
Réservation : 04 90 14 69 29

 

 

Il était une fois… une petite fille de 6 ans, partie en vacances dans le midi où elle y est arrivée en train avec sa mère.  Pour commencer l’histoire on se trouve dans une pièce où une femme peint une toile avec un gros pinceau. Les coloris bleus et jaunes font penser aux Tournesols de Van Gogh. Je crois aussi qu’on entends de ces insectes qui frottent leurs ailes en guise d’éventail pour se rafraîchir l’été. Je suis très vite emmenée dans le récit descriptif de cette petite fille, aux observations bien grandes je trouve, pour moi qui ait un peu oublié cet âge là. Au début  la femme aux cheveux courts qui raconte, met l'accent sur l’observation admirative de la petite fille pour sa jeune mère et la complicité féminine qui se créent entre elles dans des relations plus «copines» que mère fille.
La petite fille retrouve ses amis dans le midi, mais surtout, près de la ferme où elle loge il y a un… garçon. L’air de rien, pleine de curiosité, spontanée et aimant faire de nouvelles connaissances la petite fille à envie de le connaître. Ce garçon est sauvage, il connaît la vie de la ferme qui est la sienne, et cette vie et attire la petite fille intriguée. Il a l’accent du midi. C’est normal, on est dans le midi. Celle qui nous raconte refais bien cet accent. Ce garçon pourrait être ridicule mais il ne l’est ni pour nous ni pour la petite fille, et je m’imagine très bien à son âge ou un peu plus tard, amoureuse de ce garçon de son âge.

samedi 28 juillet 2007