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    Théâtre
  La ville
  d'Evgueni Grichkovets

d' Alain Mollot
 
Mise en scène :  Alain Mollot
Scénographie : Raymond Sarti
Traduction : Arnaud Le Glanic

Musique : Gilles Sivilotto
Lumières : Philippe Lacombe
Costumes et accessoires : Nadia Leon
Avec :
 
Cécile Métrich, Philippe Millat-Carus, Bruno Paviot, François Roy, Pierre Trapet

Assistante mise en scéne : Cécile Métrich
 Régie son : Raphaël Papetti
 Régie générale : Frederic Ruiz

Contact Presse : La Strada  et Cies
Diffusion : Emmanuelle Dandrel

La ville


Théâtre des Lucioles
10 Rue du Rempart St Lazare
 (prés du port, Porte de la Ligne, Grenier à Sel)
 

 à 17H25
 du
6 au 28 juillet 2013,
relâche le 22

Durée : 1H25

Réservation : 04 90 14 05 51



 
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Coproduction : Théâtre Romain Rolland de Villejuif. 
La compagnie est soutenue par le Ministère de la Culture/ Drac Ile de France, ler Conseil général du Val de Marne, la municipalité de Villejuif. 
 
Ce projet a reçu l'aide à la création du Conseil général du Val de Marne.

 

Sergueï éprouve un irrépressible besoin de partir : tout abandonner, renoncer à sa vie actuelle en apparence confortable, mais à laquelle il ne parvient plus à donner un sens. Partir où ? On ne sait pas, lui même l’ignore : une autre ville, un autre pays, un autre monde ? Il tente de l’expliquer à son entourage incrédule. Dans cette tragi-comédie, Alain Mollot nous fait découvrir un passionnant auteur contemporain souvent qualifié de " Woody Allen moscovite ", dans une mise en scène où se mêlent le mystère, la poésie, la drôlerie et l’absurde.

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La ville, d'Evgueni Grichkovets, crée en janvier dernier, jouée par la Compagnie La Jacquerie, est une superbe pièce de théâtre, qu'on à l'occasion de découvrir cet été au festival d'Avignon, au Théâtre des Lucioles. Encore dans la pénombre, les décors qui se révèlent à notre entrée laissent présager, un vrai bel univers de théâtre. Les tons sont beige, blanc, ocre, gris, avec de discrètes touches de rouge. Dans un coin, des piles de livres entassés. Un bureau, garni d'une lampe grise et d'une foule de choses utiles en ce lieu, dont un charmant petit bouquet de fleurs. Par terre, à droite, des camions de pompiers miniatures, rouges. Derrière ceux-ci, une façade d'immeuble découpée, à laquelle la lumière donne du relief. Brillamment éclairée d'en haut, créant des ombres, ce pan de mur représente l'extérieur, la rue, par rapport à l'appartement. Devant, de beaux et hauts immeubles en pierres de taille, aux fenêtres murées par des briques. Sur élevée comme sur un trottoir, une rangée de chaises blanches et grises, sur lesquelles sont assis trois hommes, dos à nous. Devant eux, un espace, la rue, sculptée par la lumière magnifique. Magnifique l'est aussi la musique, personnage invisible qui s'interpose. Une composition  musicale précédant les actes qui vont suivre, donnant la couleur des sentiments qu'on leur accordent, comme elle pourrait l'être pour un film. Cette pièce d'ailleurs, pourtant classique dans la forme, contient et évoque la complexité permise par le cinéma. Parfaitement maîtrisés, subtils, les sons de la partition musicale, ont des accents de cirque, immuable, énigmatique. L'intonation, les gestes, les mimiques si naturelles d'une conversation, tout est parfait, pour entrer dans l'univers de cet homme dessiné par l'auteur. Si la trame est l'exil auquel aspire Serguei, qui à pourtant tout ce qu'on peut rêver d'avoir, elle est surtout l'occasion de découvrir, par le portrait et la psychologie d'un homme, ses relations avec sa femme mais aussi avec son père, et ce qui donne sens à ce qu'on a souhaité de faire dans sa vie, puis le basculement de ces raisons quand on en a changé. Bref ce qui donne sens à sa vie. Comment à un moment donné, une chose parait la plus importante, tandis qu'elle apparaît inutile et improductive d'épanouissement personnel, plus tard. Les décors ont la beauté théâtrale, de ceux de la Maison de poupée d'Ibsen (mis en scène en 1997 par  Deborah Warner, jouée par Dominique Blanc), mais ce dont on parle est bien de notre époque, et il s'agit surtout ici du point de vue d'un homme et non de sa femme. Sergueï a le physique et l'habit d'un homme de notre temps, d'un bobo artiste, qui serait resté humain malgré l'égoïsme qu'on lui reproche. Avec son petit bonnet noir, sa grande chemise à carreaux ouverte sur un t-shirt, ses lunettes à cercles noirs, l'enfant n'est pas loin. Il n'a pas perdu ses rêves de découvertes, de changements, qui sont la vie même. Son père, petit bonhomme bien extraordinaire comédien, qui dit "ah wouai..!" quand son grand fils lui évoque ses aspirations, le connaît bien, mais voit la vie dans un autre sens, sans rêves d'ailleurs. Son ami Sergueï, le comprends mieux, il a fait un autre choix, de faire des travaux, interminables et renouvelés, qui lui permettent de conserver des buts à atteindre, des choses nouvelles à vivre.
La pièce démarre par le va et vient de passants pressés qui ramènent leurs écharpes autour du cou, chacun dans leur sens, dans les rues d'une grande ville éclairée par des réverbères. Un beau moment, qui fait penser au monde de Jacques Tati, dans une chorégraphie qui tient de la danse, scène reprise plus tard, comme une coupe dans l'histoire qui se poursuit. Sergueï aspire à autre chose, qu'une existence répétitive et rangée, rythmée par les impératifs de la productivité urbaine. Un suspense demeure durant toute la pièce, quant au sens exact à donner à son projet "de s'en aller". Les explications que Sergueï donne à son désir et ses interrogations philosophiques sur les choses les plus simples de la vie (telle que, pourquoi une femme aime qu'on lui offre des fleurs), oscille entre le comique et le tragique. Des interrogations dites pourtant toujours, avec une passion, tour à tour joyeuse, profonde, ou plus légère.

Une pièce riche des belles choses que savent donner le théâtre vivant réussi, qui fait croire en la magie d'un moment de théâtre forcément à part, donnant à voir l'œuvre d'un auteur sur son époque, nous en restituant un questionnement qu'il nous fait partager. Avec ici une excellence, de la mise en scène, de la lumière, de la musique, des acteurs, des décors.

 
dimanche 21 juillet 2013



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