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Théâtre gestuel et sonore, plein air
Un silence encombrant
de Barthélémy Bompard
 
Kumulus 
 

Mise en scène : Barthélémy Bompard 

Avec : D. Bettenfeld, B. Bompard, J-P. Charron, S. Civet, C. Damiron, M-P. Grenier, D. Moysan, N. Quilliard, J. Thiébaut, N. Sérusier

Maquillage : S. Ghizzo
Technique : D. Djerboua, S. Lambert-Bilinski 

Production : V. Dofny, M. Lopez

 Un silence encombrant  


Base nautique
Ile de la Barthelasse
(au port d'Avignon, à droite de la navette fluviale,
après le Restaurant Le Bercail. Fléchage sur place)


Programmation La ManuFacture,
Billeterie à la Base nautique



à 18H30,
du
7 au 18 juillet 2013  

Durée : 1H30

Réservation : 
06 31 58 96 92

 
 
 
 
Compagnie basée dans la Drome. Soutiens entre autres : SACD, Région Rhône-Alpes, Usines Boinot, Atelier 213, CNAR à Sotteville-lès-Rouen, Noisy le Sec,
Aurillac, Niort, St Barthelemy d'Anjou. Convention Ministère de la Culture. 

 

 

Notes d'intention de l'auteur : "Nous vivons dans un monde où la rentabilité et l'efficacité sont un gage de reconnaissance. Le capitalisme écrase tout ce qui ne marche pas à son rythme, élimine les fragiles et les inutiles. Cette périphérie où nous entassons les encombrants est du domaine de l'invisible et du sacré. Des mondes sans cesse déplacés au gré des bennes et des ramassages...".
Un globe terrestre, un capot, une cage à oiseaux…Tous ces objets sortis d’une benne à ordures sont transportés à la force des bras d’individus fragiles. Au bruit de la ferraille traînée au sol, ils tentent, à pas lents, de trouver un sens à ce rébus de débris. Télérama : "Dans l’infinie étrangeté de ces sous-hommes, il y a du Beckett, du butô" Le spectacle part en Août 2013 en tournée au Danemark.

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Sortis, s'extrayant difficilement et brutalement d'un container jaune dont les portes viennent de s'ouvrir comme par trop de pression à l'intérieur, de grands sacs blancs, de vieux bidons, des morceaux de ferrailles tordus, des tissus recouverts d'une inexorable couche de plâtre blanchâtre comme celle que donne le temps ou les effets d'une bombe qui aurait figée personnes et objets, des corps se discernent peu à peu. Un képi, des vêtements, un visage blanchi aux cernes noirs. C'est par un léger mouvement de ces masses humaines parmi les autres inertes, qu'ils se distinguent et qu'on les devinent alors vivants. Ils bougent, à nouveau, après leur vie première où ils en étaient acteurs, pour certains utiles à leurs fonctions. Ainsi l'un d'eux va et vient, tenant une serviette blanche sur son bras replié, il était sans doute maître d'hôtel ou serveur. D'autres nouveau vivants découvrent des d'objets, qui trouvent une nouvelle fonction. Ainsi cette vielle jeune fille, cherche des poupées, à mettre dans un vieux landau  récupéré. Chacun peu à peu, retire de la benne tout ce qu'elle contient. Chacun œuvre, avance, revient, déplace des choses, tentent de réparer ce qu'ils trouvent. Une vieille fenêtre est posée toute droite sur le sol. Elle sert à toquer, pour demander à entrer. Ces êtres se sont extraits de la benne, en portants de lourds sacs, qu'ils ont traînés jusqu'à l'extérieur. Nouveaux arrivants, ils ont débarqués, et vérifiés leurs trésors. La benne-container qui les a transporté est progressivement vidée, ils s'installent, vaquent à leurs occupations. Comme si la notion-travail de leur vie précédente, dont les habits hétéroclites pourraient en être le souvenir, parait toujours la seule occupation possible et valable : refaire, travailler, comme avant. C'est un ballet, qui devient, heureusement, presque comique. Ils se dérident et les sons qu'ils font avec ce qu'ils transportent, volontairement pour faire de la musique, ou issus de leurs activités, ponctuent la pièce, en donne la drôlerie, teinte la partition, la scénographie, de moments divers, qui ajoutent comme des paroles, qu'ils n'expriment pas par des mots. Les sons, qu'ils créent, mettent en scène des sentiments humains basiques, tel que l’énervement et le jeu.

C'est un spectacle hors du commun. Les étranges créatures qui l'incarnent, pourraient avoir été inspirées des géants du Nord. Non pas qu'ils soient si grands en taille, mais par l'attention qu'on porte soudain à leur étrangeté, et le respect qu'ils inspirent rapidement. Peut-être par leurs lenteurs, au ralenti, êtres devenus inertes, se mouvants à nouveau, leur courage, qui émane, chacun vacant bientôt à des occupations qui ont pu être les leurs autrefois, tenant du phénix qui renaît de ses cendres. L'origine physique de ces créatures pourrait venir plus simplement, du clip d'une chanson de Mickael Jackson, "Thriller", des années 80, illustrant une danse de morts vivants. Ceux du spectacle, inspirent, plus que la vie renaissante, celle qui n'a jamais cessé d'exister, de personnes et de choses, que la société de consommation à laissé. 

 
Placé sur un petit stade de foot, sur la base Nautique de l'Ile de la Barthelasse, le container est au fond. Les spectateurs, peut-être 150 ou plus, disséminés autour, se sont assis d'abord par terre. Des comédiens habillés en balayeurs des rues, vêtus en verts avec des balais jaune, découvrent des bâches recouvrant des chaises, qui attendaient sous les arbres environnant (nous somme au bord du Rhône, au calme de la ville en face), les spectateurs peuvent alors s'asseoir autour du rectangle formé par les marques au sol du stade, sur lequel le contenu du container à commencé à s'extraire depuis peu. Les créatures et leurs objets lentement amenés, portés ou traînés, s'étalent à mesure sur l'espace, qu'ils finissent par recouvrir. La marche de ces êtres s'est affirmée, ils sont moins courbés, toujours lents ils ont néanmoins accélérés. Puis leurs habits se sont allégés, ils retirent une veste, un manteau. A la fin du spectacle, ils revêtent une combinaison couleur peau, qui les fait paraître dévêtus, celles des hommes s'agrémente d'attributs masculins bien visibles. Seraient-ils redevenus des hommes-singes, évolution d'objets de rebuts devenus vivants ?  Ou tout simplement se sont-ils tellement allégés, qu'ils en sont dévêtus ? 
 
Une allégorie, qui parfait un coté positif et comique, à ce spectacle proche de la performance, avec ses nombreux comédiens, durant plus d'une heure trente, qui captive le public. Au gré du temps qui s'écoule, nous les découvrons, nous les reconnaissons, chacun exerçant une activité, chacun s'est identifié devant nous. C'est nous qui devenons les "invisibles". Nous assistons à leurs vies, semblable à la nôtre, celle de tous les jours. C'est en quelque sorte en face d'un miroir que nous nous retrouvons, et c'est bien fort de l'avoir montré ainsi. Evidemment c'est une interprétation du spectacle, sans paroles, qui en laisse d'autres, mais qui ne laisse personne indifférent, convainc quasi unanimement. "C'est quelque chose!" entend-on à la fin. Une pièce de théâtre qui inspire un grand respect, de ce qui provoque le rejet chez l'humain moyen, qu'on prend à revers ici. Bravo !

Jeudi 18 juillet 2013

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