Plus que quelques jours pour aller voir
deux Argonautes, dans "Solo Due", leur dernière création.
S'ils ne sont que deux, c'est pour mieux parler
de la relation particulière qu'est un duo, par rapport aux
relations qui s'établissent dans un groupe. Ce
questionnement se pose de façon théâtrale et circassienne,
par jeux de jonglerie, avec des objets, et le corps. Les
figures sont orchestrées avec minutie, parfaitement réussies, avec aisance.
Une chaise est avancé par l'un,
pour que l'autre, fatigué, puisse s'y asseoir. Une table est tirée
devant les bras du futur dormeur, pour qu'il puisse s'y
appuyer. Une bouteille de vin rouge est tendue au futur
buveur, qui ébahi de l'aubaine tends son verre, qu'il voit
se remplir. Mais lorsque que l'un échange sa voix avec l'autre,
ça ne va plus, l'autre n'est pas d'accord. Il veut rester,
lui, unique. L'aidant, attends en retour. Il l'exige. Et
là s'en est trop pour l'autre.
Partager,
s'entraider, oui, se fondre, être au service, devenir
l'autre, non. De simple principes, qui sont occasions de
jeux de cirque, et nous font retrouver deux de nos
sympathiques Argonautes et leur univers. Un univers dans
lequel est utilisé cette année, des outils dangereux,
une faulx, avec
laquelle jongle l'un d'eux, et là ça se
corse. Que vient faire cette faulx à la lame recourbée, pour
mieux saisir les grains de blé ou d'herbes, affûtée pour
couper, lancée en l'air et rattrapée par l'habille circasien
?
"Heureux sont les fêlés, qui laissent passer la lumière"
écrivent-ils à la fin, sur le fond de la scène devenu tableau noir.
L'un et l'autre, commençant à chaque bout,
l'écriture à l'envers de cette énigmatique phrase. Qui n'a
pas trouvé vraiment d'explications, lorsque la question à été
posée par une spectatrice, lors d'une Rencontre
avec la Compagnie, au Théâtre des Doms qui les
accueillent, cela semblait si évident pour eux mêmes peut
être. En
cette période où la culture est menacée et pas assez
protégée, cette faulx balancée, pourrait être une allégorie. Néanmoins c'est curieux, loin de leur univers
habituel, celui même qui l'a manie n'a pas l'air d'en
connaître la raison, tandis que d'habitude tout est limpide
et clair chez les Argonautes. Nos deux compères jouent, pour finir, une petite
symphonie à quatre mains sur le même violon.
Un symbole de
violons, qui va bien avec cette histoire de faulx (si on
pends les choses à l'humour). Quelle
que soit la raison philosophique du spectacle-mime, qui
laisse libre cours à bien des interprétations et
interrogations, les jeux de cirque des
Argonautes questionnent toujours le sens, dans une superbe
maîtrise des jeux circassiens et de mimes, avec l'illusion
de l'improvisation..
Vu mercredi 16 juillet 2014
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