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Tous public à partir de 8 ans,  Théâtre contemporain de matière et de marionnettes
De la porte d'Orléans
d'Audrey Bonnefoy

Compagnie Des Petits Pas dans les Grands

 

Mise en scène : Philippe  Rodriguez-Jorda
Scénographe : Guillaume Hunout
Création marionnettes : Alexandra Basquin
 
Avec : Audrey  Bonnefoy

Création lumière : Julien Barrillet
Création musicale : Karine Dumont
Graphiste : Grégoire Pierre
Petite main : Lisa Léonardi
 
Attachée de production : Aurelie Dieu
Chargée de diffusion : Marie-Solenne Lafon
 
 
31 rue Guillaume Puy
 
à 13H    
du 4 au 26 juillet 2015

Durée : 1H

Réservation : 04 90 27 38 23

 

 

Créée à Montataire dans l’Oise sous l’impulsion d’Audrey Bonnefoy, la compagnie Des Petits Pas dans les Grands, naît en 2012, avec le soutien de Sylvie Baillon (directrice du Tas de Sable Ches Panses Vertes) et de Claire Humbert ( directrice du Palace).
Chaque projet initié par la Cie a pour objectif d’y associer un nouveau regard scénique, divers types de manipulation d'objets.
Soutiens :  Région Picardie, Conseil Général de l'Oise

 

"Solo pour une comédienne et dix marionnettes. En 1942, une petite fille de six ans, en visite chez sa grand-mère à Paris, s’apprête à l’accompagner, comme chaque week-end, dans la mercerie de Mme Meyer. Mais ce jour là, sa grand-mère s’étant préparée à participer activement à une action de la Résistance, la routine va peu à peu laisser place à l’extraordinaire". "Entre fiction et mémoire De la porte d’Orléans fait le récit  de la vie quotidienne, pendant l’occupation Allemande de 1940-1945 à travers le regard d'une petite fille. Cette création à partir d’un texte contemporain, mêlera théâtre, marionnettes et matière. La rencontre à l’issu du spectacle", à l'issue de deux représentations, le 22 et 23 juillet, "propose un débat, avec des résonances contemporaines, sur notre responsabilité d’homme et de femme libres dans le monde aujourd’hui".

 

 

"De la porte d'Orléans" est une belle pièce de théâtre qui utilise la marionnette pour faire revivre un moment historique à Paris pendant la Résistance. Très documenté, le spectacle est esthétiquement beau, tant dans les décors sobres que le jeu de d'Audrey Bonnefoy. La jeune femme en robe noire et coiffure tressée haut, conte comme la sienne l'histoire d'une petite fille de 6 ans qui vient voir sa grand mère, Résistante, porte d'Orléans, pendant l'occupation allemande. En 1942, époque pas si lointaine du gouvernement de Vichy pour Etat, avec son chef le Maréchal Pétain. La comédienne joue tous les personnages, changeant de voix et de postures, se fait l'interprète de ses marionnettes.
La lumière qui s'allume au début de l'histoire est celle d'un spot au sol, tel un lampadaire des rues ou un projecteur utilisé en tant de guerre. Orangé par sa lumière, noir sur pied, il veille, se réveille par moments, s'intensifie ou se fait discret. La comédienne, volubile, ouvre le récit qu'elle va nous faire revivre, ses souvenirs des personnages qu'elle côtoyait dans le quartier de sa grand mère. Nous sommes proche de la belle époque, dans le Paris de Piaf, où solidarité et revendications sont des mots qui ont du sens, mais aussi dans cette fin de guerre où rode encore, des délations racistes envers ceux que l'Etat désigne, ou au sujet de ce qu'il  impose (rationnement par exemple).
La voisine, la marchande du marché, la mercière juive menacée par la Gestapo, remplacent le récit, par la magie du théâtre. Effervescence d'un peuple qui travaille, sons de métiers disparus, klaxons de vélos dans les rues, accent du peuple. Voix à la radio, qui s'échappent des fenêtres pour diffuser l'information nationale et les réclames, chansons des bals populaires un quatorze juillet,  grillons de la nuit. On y est.
 
Les personnages s'incarnent dans des marionnettes. Une marchande, vend des topinambours au marché, figuré à l'aide d'une boite, d'où elle crie pour se faire entendre, et donner son avis sur l'époque. Une autre dans sa boutique de mercerie, vends à un client, de la gestapo, qui l'oblige à porter son étoile jaune et la menace de chantage. Ce sont des occasions de raconter l'histoire. Celle des feuilles d'alimentation, et moyens de les utiliser au mieux malgré un système compliqué fait de lettres et de chiffres associés à des denrées. Le travail ne manque pas, les bras sont demandés partout. Y compris pour les Résistants, ceux qui veulent une France libre. Tracs imprimés et collés, distribués, harangues furtive du peuple, improvisées à un coin de rue. Messages codées diffusés sur d'autres ondes que celle de la radio officielle, dont on apprends que ce que le gouvernement veut nous dire. Mots usuels codés (de type, "l'armoire verte à été livrée ce matin") pour communiquer des actions à faire. C'est d'un cadre ouvert, placé haut, d'où est sortie une marionnette tel un Guignol Lyonnais, marionnette frondeuse, qu'on apprends ces choses, et l'essence du spectacle : il faut résister, ne pas se résigner à l'inacceptable devenu loi, aux pressions de ceux qui veulent s'approprier, une terre, un privilège, imposer pour diviser et voler. Un interlocuteur restaurateur, collabo ou résigné, envisage les plats qu'il ne mangerait pas lui même, mais qui sont les seuls envisageables : soupe de ragondins, cafards en béchamel...
La matière sonore travaillée est remarquable, retranscrit cette période, ponctuée de chansons de l'époque, très gaies, dans une insouciance relative ou paradoxale, en 1942, où on se sens proche de la Libération, qui arrivera trois ans plus tard tout de même. Paris, son métro, l'accent de son peuple, l'union qui fait force collectivement pour résister, nous sont restitués. Dans une belle tradition de la marionnette et du théâtre, sur un sujet, qui trouve résonance dans le monde actuel. Où Résister semble être devenu interdit, comme sous les gouvernements totalitaires qui ont peur de leur voir s'échapper leur dictature. Où les Collabos de la Gestapo sont remplacés par les Renseignements qui traquent et utilisent les individus.
Courez prendre une leçon de savoir vivre et de qualité théâtrale, pour les plus petits, écouter et voir cette ambiance de l'histoire, les lumières, chants, marionnettes, qui habitent le récit.
 
"De la Porte d'Orléans" fait partie des pièces remarquables de l'année au Festival d'Avignon Off 2015.
Ne pas oublier avant d'entrer, de prendre le mini-journal Combat, du 2 août 1942. Extrait d'articles, décret de lois stigmatisant une population, et de publicités d'époque vantant la bière énergisante. D'annonces, de défaut d'étanchéité dans des boites de Viandox, de théâtres ambulants reprenant la route. De conseils de remplacements, comme fumer du tilleul ou de l'armoise, faire une mayonnaise sans oeuf. Une mine d'or..
 
Mercredi 15 juillet 2015

 

Ps : Cette pièce et par la véracité de l'histoire, ouvre la porte de ce qu'on a oublié,  à savoir, se défendre, pour vivre la vie qu'on a choisi, et ne pas subir le courant du moment qui fait loi. A notre époque il faudrait sans doute se mobiliser pour dénoncer, faire cesser, le scandale de l'action caché des Renseignements, capable d'ordonner, par manipulation, à toute une population, d'effectuer ou de dire des choses précises destinées à atteindre une cible précise, directement ou par ricochet, pour la détruire, sans procès et sans causes réelles, procédés hors-la-loi, mais pas sans buts, des buts qui sont multiples et diffus.