- La pièce est tirée d'un recueil de témoignage inédits de
salariés. La
mise en scène et chorégraphie mettent en théâtre ces
propos. "Work in Regress" ne
dément son affiche graphique soignée, teintée d'étrangeté. Sans
complaisance pour le monde du travail et les employeurs-entreprises, quand
ils se permettent des comportements illicites qu'ils nient lorsque trop
graves. La force du résultat, vient de la sélection des paroles retenues
qui sortent du standard consensuel, leurs ajustements qui
accentuent la tournure incongru que peut avoir la recherche d'un travail,
son obtention, les problèmes rencontrés en cours d'exercice de sa
profession. Pour commencer, sont énumérés différents métiers et lieux
d'emplois, dis à la suite comme une litanie du cv bien rempli d'un travailleur acharné, demandeur et obtenteur, de n'importe quel
emploi. Ce qui donne lieu à des métaphores de métiers et ses conséquences,
anachroniques et décalés, qui font rire. Le ton de chaque personnage n'est pas imité, il est celui du
comédien, sans accent ou intonation particulière. Cela confère
plus de dignité et de vérité au travailleur interprété, qui parle de sa vie
et de ses relations dans le monde du travail, cela favorise de mieux
rendre crédible ce qui est dit. Comme pour le
témoignage de cette employée d'un groupe commercial, victime de viols par
son patron, délits criminels dont elle n'a pu parler en en ayant honte, avec
la peur et l'accusation de mentir, de vouloir porter tort à l'entreprise
car un tel fait était considéré inconcevable. Ce qui a entraîné chez cette
salariée, une peur permanente, le mépris d'elle-même de se voir ainsi traitée,
sa dépression, dans la non reconnaissance du
délit de l'employeur. Tant qu'une structure de défense de travailleurs,
collectent d'autres témoignages de ce type dans la dite entreprise,
pour porter l'affaire en justice.
-
- Chacun joue son personnage, ou tous les trois ensemble. Pas de
narrateur qui ferait une conférence, on est dans l'univers et la façon
du théâtre, avec des réminiscences d'auteurs sur le sujet du monde de
l'entreprise, l'absurdité, la solitude, le travail répétitif, dans une
vérité moderne émanant des situations évoquées.
-
- Les comédiens aiment ce qu'ils font, c'est ce qui se ressent face au public,
de même que les travailleurs qu'ils interprètent aiment généralement leur
travail, par choix ou nécessité du salaire justement acquis. Dans des
coloris et lumières, blanc rouge et noir, ils tournoient sur leurs
chaises de bureaux ou traînent des valises attachés à leurs cravates,
miment la conduite en voiture ou en camion en discussion entre
collègues, se retrouvent lors de pauses, en divers scénettes
enchaînées.
- Le sujet de la pièce est un reflet de ce que peut être aussi le monde du travail, des relations employeurs-employés.
Un dire étayée, et une question posée pour trouver comment mieux se
défendre et mieux se comporter.
- Mais de nos jours, est-ce que, recherche d'un travail et management de
celui-ci, sont vraiment dans la bonne voie ? A l'heure où le travail
se raréfie, faut il encore tout axer sur lui ? N'y a t il pas d'autres
nécessitées à développer, d'autres façon de vivre, d'être utiles aux
autres, en étant rémunéré pour cela ? Comment travailler mieux, pour
vivre mieux ?
-
- Le Collectif, (alliances de cinq compagnies mutualisant leurs
savoir-faire artistiques), sympathique, engagé et passionné, est un bel exemple
d'alliance entre la théâtre et la vie.
-
- "Work in Progress",
à voir, jusqu'au 30 juillet seulement à Avignon !