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Théâtre
Les Pâtissières
de Jean-Marie Piemme
 
Compagnie La Barraca
 

Metteur en scène : Nabil El Azan

Interprètes : Chantal Deruaz, Christine Guerdon, Christine Murillo

 

Éclairagiste :

Philippe Lacombe

Costumière : Danièle Rosier Vidéaste : Ali Cherri Régisseur : Aron Olah

Petit Louvre (Templiers)
3 rue Félix Gras
 
12H40
 
du 6 au 30 juillet 2017
relâche le 11, 18, 25

Durée : 1H20

Réservation : 04 32 76 02 79

 

 

Spectacle de la compagnie La Barraca, le théâtre monde, avec le soutien de la Spedidam. Dirigée par Nabil El Azan, la compagnie propose des créations théâtrales autour des écritures dramatiques françaises contemporaines, oeuvrant sur un champ international

     

      
 

"Il y a trois sœurs, Mina, Flo et Lili, dignes héritières de la pâtisserie ancestrale. Leur désarroi face à la concurrence des produits industriels.  Le promoteur immobilier qui les poursuit jusqu’à Disneyland. L’inspecteur de police qui enquête sur la disparition d’un certain Laurent Pintrol. Le directeur de la maison de retraite qui se prend pour Maigret. Le gâteau Charlemagne, les Chinois. Il y a le temps qui passe, les temps qui changent, les ratages de la vie et les rêves de grandeur. Il y a enfin une tonne de tendresse et «un chef-d’œuvre d’humour féroce» selon Armelle Héliot (Le Figaro)".

 

 

 

        

 
Un Piemme nouveau ca ne se rate pas. C'est riche et complexe, toujours enlevé, surprenant, choquant par touches acerbes, dramatiques, riches en descriptions, en formules, en univers qui s'imposent à nous, disséqués, avec des sentiments humains contradictoires, et l'observation de métiers qui habillent les héros de l'histoire. Après le récit du « Chien qui voulait mordre ses amis», évoluant dans le monde des gardiens, ici c'est celui des pâtissières qui sert de support à la littérature. Les pâtissières sont savamment habillées, coiffées, maquillées, façon gâteaux de grandes pâtisseries d'autrefois, d'un genre raffiné comme appétissantes tartes à la crème.
Parce que les trois soeurs n'ont pas voulu vendre, de la quiche lorraine, des sandwichs, des loukoums et baklavas, elles ont du finir par vendre leur pâtisserie. Elles auraient bien voulu que leur repreneur renonce à son achat, mais il ne l'a pas fait. Tout vendu, leur maison, leur magasin, les outils, les meubles.
Ces pâtissières sont Belges sans accents, sauf lorsqu'il s'agit d'imiter le petit commissaire de police de leur petite ville, dont la taille est adaptée à celui ci. Il y a un toujours un humour féroce chez Piemme, et à la fin, ces trois dames âgées, retraités, de la Pâtisserie Charlemagne, pourraient bien être des empoisonneuses, qui n'ont pas fait qu'imaginer, en le souhaitant, le crime dont elle parle, et pour lequel elles sont convoquées au commissariat avec questions, sur un de leur bon client disparu.
 
C'est une de ces pièces où il faut tout suivre avec attention, sinon on risque de rater des clefs de l'intrigue, sur les rapports au monde de personnages hors normes, issus des conditions les plus simples.
On peut voir, la force que peut donner la vie intérieure et personnelle, de  ces trois soeurs unies, ce qui leur fait passer au second plan les souhaits et demandes, du propriétaire de leur maison de retraite, plutôt sympa néanmoins car on est en Belgique, dont elle parle avec une royale condescendance.
On pense en les entendant et en les voyant, à ces personnes ancrées dans leur territoire, repliées dans leurs identités, qui voient d'un pas très bon oeil, l'étranger, ce qui change. Pourtant celles-ci, ont vues passer beaucoup de monde.  Elles se souviennent des amants qu'elles ont eues, parfois en commun. L'une rêve encore de princes charmants. Elles ont peur de vieillir, mais l'accepte, continue à préserver leurs apparences.
Elles vont refaire une photo annuelle toutes les trois, comme autrefois, sur le lieu de leur pâtisserie aujourd'hui disparue, rasée par le promoteur successeur.
Sous la forme d'un huit clos, seuls les changements d'espaces sur scène délimitent les épisodes de la vie de ces pâtissières, qu'elles se remémorent depuis l'espace retranchée de leur maison de retraite.
Des évocations sont séduisantes, avec la beauté d'un  St Honoré et autres gâteaux mythiques, de spécialités crées par la maison, des clients qui disent "je veux "ça !" au lieu de nommer leur choix. Des pâtisseries fabriquées ici même, selon des techniques ancestrales qui n'ont rien d'industrielles, au fond du magasin, dans ce lieu un peu mystérieux et sacré de fabrication, pour la réalisation appliquée et réussie de gâteaux qui ont fait leur réputation, pour lesquels, on vient de loin, et on passe commande, pour les événements les plus importants de sa vie. Ceci depuis plusieurs générations, de pâtissières respectées et aimées par les clients fidèles.
Un humour particulier teinté de philosophie règne sur la pièce, habitée par des personnalités plus complexes qu'il n'y parait.
Comme ces Pâtissières, les personnages de Piemme sont des gens d'apparences sympathiques, un peu gentils, mais aussi un peu, ou même très, méchants, édulcorés d'un humour et d'un optimisme forcené, qui fait qu'on ne sait plus quoi penser, de ces personnages, qui nous ont bien fait voyager, toute l'heure du spectacle, inattendu.
lundi 24 juillet 2017

 

 

 

 

Anecdote autour de la genèse (imaginée) de la pièce