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Théâtre, à partir de 12 ans
Provisoire(s)
de Mélanie Charvy

Cie Les Entichés

Metteure en scène : Mélanie Charvy
 Assistante à la mise en scène : Millie Duyé

Interprètes : Mohamed Belhadjine, Yasmine Boujjat, Aurore Bourgois Demachy, Tristan Bruemmer, Virginie Ruth Joseph, Clémentine Lamothe, Aurélien Pawloff

Créateur lumières : Tanguy Gauchet

Chargée de diffusion : Clémence Martens
Théâtre Le Cabestan
11rue du Collège de la Croix
 
15H15
du 7 au 30  juillet 2017
relâche les 10, 24
Durée : 1H35

Réservation : 04 90 86 11 74

    

 

Née de la rencontre entre Mélanie Charvy et Paul-Antoine Veillon, la Compagnie Les Entichés a été créée en Juin 2013. Trois axes de travail sont au coeur de chaque spectacle : l’écriture contemporaine autour d’auteurs vivants, l’engagement artistique à travers une réflexion sur des questions actuelles de société, et l’ouverture culturelle pour tous en amenant le théâtre dans d’autres lieux.

Soutiens: Spedidam, Adami, ONG Acat, Bnp-Paribas, Maïf, Théâtre El Duende

 

 

       

«Y'a des gens qui sont dans la merde et je ne peux rien faire ! Ok ? Je ne peux rien faire pour eux ! La seule chose que je peux leur répondre c'est : « Revenez plus tard, il n'y a pas de place ! ». Mon travail c'est de leur dire qu'ils sont dans la merde et qu'ils vont y rester ! Tous les jours je dois leur répondre ça ! » L’asile vu par les acteurs sociaux. L’humain sur papier. Amir et Leïla, deux jeunes marocains, débarquent en France et se retrouvent plongés dans les méandres du système administratif des demandeurs d’asile. Ministère, préfecture, acteurs sociaux, tous tentent de ne pas sombrer dans cette machine infernale et cauchemardesque. Création de plateau, tirée de rencontres d'intervenants de France Terre d’Asile, Resf, l’Assfam, etc., Provisoire(s) apporte un autre regard sur l’immigration et plonge le spectateur dans une réalité dissimulée".

 

 

     

 

Immersion excellente et poignante de vérité sur l'accueil des immigrés et demandeurs d'asile. Criant d'une vérité cachée, à changer. "Provisoires" est l'exact reflet de ce que sont les services sociaux. Avec le mérite de bien révéler que les ordres des entités gouvernementales, sont de ne rien faire réellement pour ces gens. Quotas à respecter, d'un nombre ridicule par rapport aux personnes en attente, dont pour les réfugiés. Mensonges sous des apparences, aux demandeurs d'hebergement ou de domiciliation, afin qu'il ne repartent pas complètement désespérés, pour qu'ils conservent un espoir, d'une demande qui sera refusée finalement.

Il y a le personnel, bénévoles ou non, avec ses caractéristiques non conformes qu'on retrouve dans la vie, dans ces lieux mêmes. Comme cette jeune fille qui sautille, se penche crayon en main comme au théâtre, joue la belle, très gaie, se faisant admirer, plaisantant pour ses demandes factuelles, face aux personnes,  forcément en détresse, avec déni de tact, sans même se rendre compte, de la différence qu'il peut y avoir entre sa vie à elle, et la leur, et que son attitude ne peut qu'être blessante, insultante.
Comme il arrive dans la vie, et comme on peut en croiser, il faudrait l'espérer, dans des endroits d'urgence (ce qui en fait n'est pas le cas dans les lieux officiels), il y a un homme qui lui est intègre. Il est là, dans le but d'aider vraiment les gens, et ne sait pas encore qu'il y a contradiction, entre des lieux consacrés et les circulaires internes (de ne rien faire) qui annulent la raison d'être de ceux-ci. Cet homme vient d'une autre association, une ONG.  Il cherche vraiment à porter aide aux gens. C'est ce qu'il fait lui et sa femme, avec courage et ténacité, sans faux semblant, sincèrement.
Son aide va au delà du minimum, quand il n'arrive pas à trouver à loger les réfugiés, dans la petite ville où il a exercé, il les logent chez lui, pour qu'il ne reste pas dehors en hiver. C'est ce qu'il explique en arrivant dans cette structure officielle classique d'une autre ville, face à des employés ou bénévoles lui expliquent que son rôle doit se limiter à ne pas désespérer les demandeurs, qui verront leurs demandes tous les jours refusées.  Il n'y a que 17 enregistrements possibles par jour, pour ne pas dire qu'il n'y en a pas, et maintenir un espoir, chez ses gens, dont ici est le dernier espoir, tout en souhaitant qu'un maximum repartent chez eux, c'est le but.

La pièce veut montrer aussi l'engagement de certains, la répercussion de celle-ci dans leurs vies, la formation humaine nécessaire. La femme de cet homme, est aussi bénévole dans le centre qu'il a quitté à la campagne. Elle donne de ces cours qui se trouvent dans ces endroits, des cours de citoyenneté, où elle apprends aux réfugiés d'aujourd'hui, ce qu'est la laïcité. Cette femme de bonne volonté, à la place d'un professeur, sait-elle qu'elle n'est pas dans une classe ? A t-elle conscience de la diversité culturelle, et de vie de ses interlocuteurs ? Elle a appris sans doute récemment, ces vies qui ne sont pas la sienne, à parler à des gens différents. Ce qu'elle explique est intéressant, plein de bonne intentions, lorsque la vie sera moins dures pour ceux qui l'écoute, mais il faut comprendre que pour certains, c'est un discours brûlant, qu'ils ont des vécus divers, souvent tragiques. De tels cours peuvent voir, sur un sujet touchant à la religion, qui est loi dans encore tant de pays, un risque certain de faire des explosions (raison pour laquelle les recruteurs de fomenteurs de guerre, cherchent leur terreau de haine, par le biais religieux). C'est donc une bonne comédienne, qui montre son personnage, des plus habituel, un peu décalé de la réalité, pleine d'un semblant de bonne volonté, devenir un peu, puis carrément, hystérique, usée par ce travail qui la dépasse, dans la méconnaissance d'être dans une poudrière. On est pas dans un lieu mondain, une salle d'expo, où on peut tout dire face à un public avertit, patient, qui a dormi et mangé à sa faim tous les jours, qui n'a pas connu la peur, la guerre, le froid, etc... Le ton  monte entre deux personnes du groupe, qui d'abord lui ont fait part de leur désaccord, et maintenant se disputent entre eux sur le sujet, tandis que d'autres explosent. Ce qui se finit en bagarre, et à la fin du cours. Que du vécu ! L'hystérie de la dame se manifeste par sa jalousie progressive, à voir moins son mari, qu'elle voudrait pouvoir appeler à tous bouts de champs, à son travail qui n'est plus dans le même lieu qu'elle, dans un travail toujours aussi prenant. Sa jalousie à voir son mari occupé ailleurs, prends le pas sur son engagement, au départ en duo avec lui. Alors quand cette fois, il lui annonce recevoir deux jeunes gens chez lui, qui n'ont pu trouver d'hébergement, excédée elle lui fait une scène, se couche par terre dans un coin s'y disant très bien, puisque la seule solution, "est de donner leur lit aux invités, puisqu'il n'y a qu'une pièce".

Si l'on parle dans la pièce, des demandeurs d'asile, on parle aussi de  l'accueil des non considérés comme réfugiés politique, pourtant devant fuir leur pays où leur vie est détruite. Comme ces deux frère et soeur marocains, dont la soeur devait être mariée de force dans leur pays, et qui ont du fuir car la soeur refusant, aurait du mourir sinon.

samedi 29 juillet 2017

 

 

 

 

 

Notes à propos du thème de "Provisoires"