- La pièce se déroule sur deux époque, à "Paris en 1996" et
"Saïgon en 1956", dans un même lieu, un restaurant Vietnamien
et ajout d'accessoires et d'éclairages des différentes
scènes, avec le
défaut d'une certaine jeunesse arriviste un peu kitch. Pour autant le
spectacle ne manque pas de qualité. Le sujet du sentiment d'exil, ici des
Vietnamiens peu traité, est original, par la mise en lumière de cette
communauté. Nonobstant un sentiment carton pâte, les
personnages et les attitudes soulevées sont justes.
- Le début de Saïgon se passe en 1996 à Paris, ce qui se reconnaît
d'emblée par l'ameublement du café-restaurant, les vêtements des
personnages. Le changement d'époque se matérialise par un
changement de lumières, qui "blanchit", affadit les couleurs,
restituant un effet d'intérieur sans couleur qui permet d'évoquer l'époque
de 1956, inscrit au néon au dessus de la scène : "Saïgon 1956",
à la place de "Paris 1996".
- Toute l'histoire se passe dans le restaurant Vietnamien où
se croisent des personnes diverses, Vietnamiennes ou Françaises
d'origine, travaillant, ou de la famille de ceux qui y travaillent, ou
clients, de ce petit restaurant familial d'expatries. On y trouvent des piliers
de l'endroit, comme le légionnaire, ancien Marseillais dérangé à
moitié fou, qui habite à l'hôtel à coté et espére la vie avec une
femme, le jeune Vietnamien sans logis exilé parti chercher fortune
ici, la vieille serveuse méprisée par les riches blancs qui la
traite comme de la famille mais aussi comme une esclave corvéable
qu'on insulte suivant l'humeur, la jeune femme aveugle qui cherche à
"héberger" contre services sous couvert de charité, la femme blanche
fille de militaire en qui la servante voit l'espoir de nouvelles de son fils
disparu à la guerre, etc
-
- Un jeune Vietnamien, dit, "se débrouiller", interrogé dans le
restaurant, pour évoquer, qu'il n'a pas de maison, tandis qu'une
esseulée lui propose son canapé, mais pas son lit, ce qui blesse le
Vietnamien sans logis et exilé, qui ne veut pas la charité mais
accepterait mieux une déclaration d'amour (même si l'esseulée ne lui
plait pas). L'esseulé dit vouloir "aider", motivée par sa seule
solitude, sans réaliser son offre blessante en l'occurrence. Elle
insiste, le jeune homme ne comprends pas pourquoi. Il finit par
accepter. Ils n'ont rien à se dire, rien en commun, l'un a tout ce
que l'autre n'a pas, tandis que leurs différences de cultures est
une source de méprises, qui cause du ressentiment, voire de
désespoir, pour celui qui n'a pas de solution, dans la précarité, et
ne ne supporte plus, ce qui ressemble à de la charité coloniale.
A cette femme qui le loge, il doit tout dire, quand il sort, où il
va, où il est allé, avec qui. Jalouse de savoir même, qu'il est allé
manger "au Restaurant", lieu refuge d'exilé, où il retrouve des gens
de son origine qui peuvent comprendre, même sans parler, tout ce qui
fait la vie du jeune Vietnamien. C'est dans ce Restaurant que sa vie
privé si on peut dire, se déroule, qu'un espoir d'avenir peut se
dessiner. Il peut être ici, compris, plus respecté au moins, que
"chez la Française", qui veut aussi lui apprendre, à lire, le
Français et des choses non fondamentales pour lui. Comme pourrait
l'être, de lui fournir un travail., pour qu'il puisse se marier,
bâtir sa vie ici puisque le sort en a voulu ainsi.
- Il y a ce vieil homme, déjà âgé maintenant, qui se voit moqué par de
jeunes Vietnamiennes au Vietnam, où il est retourné pour découvrir son
pays d'origine tandis qu'il à vécu en France, avec la culture Française.
Ces jeunes femmes n'ont plus la culture Vietnamienne d'autrefois, faite
de discrétion et de respect. Parmi ces jeunes à moitié prostituées, le
vieil homme, qui a oublié avoir vieilli, croit qu'une d'elle un peu
plus gentille, pourrait être sa femme. Les femmes le raillent, jouent à
lui mentir.
-
- Un des personnage fort est la petite dame âgé, serveuse
Vietnamienne, qui cherche son fils disparu il y a plus de vingt ans.
Elle demande à une jeune dame Colon, qu'elle à élevée en tant que nounou, des nouvelles de son fils, quand
elle a le vague à l'âme, que le travail lui pèse trop, la solitude, le
huit clos de sa condition de servante ici. La jeune dame bien
habillée et très grande (aux allures de Sandrine Kiberlain) ne comprends
pas bien les mots ânonnés en mauvais Français de la servante, le lui
reproche. La dame est insultante et blessante souvent, avec elle, à qui
elle parle aussi par ailleurs à d'autres oments, comme si elle était un
proche, en soliloquant. On se demande d'abord pourquoi la dame âgé
répète si souvent cette demande à cette femme, on pense qu'elle doit
perdre la tête. Puis l'interpellée finit par répondre "qu'elle
essaiera". Le temps, les années passent, mêmes questions. La jeune
femme, qui a vieilli entre temps divorcée ou veuve, s'énerve, l'air
effrayé, gênée, elle dit à la servante qu'elle ne peut rien, que doit
être oubliée cette interrogation si ancienne. Finalement la jeune
maîtresse de maison, énonce que seule une recherche auprès de son ex
mari officier ou auprès de collègues de son mari, pourra peut être
amener à une réponse, dans longtemps. Ce sont des dossier de guerres,
donc peut être secrets. Aux dernières nouvelles en possession de la
mère, le fils effectuait ... son service militaire. La servante à pour
première information, celle d'un camp où à été envoyé son fils. Il
faudra attendre encore, avant qu'elle ne sache toute la vérité : le camp
a été bombardé, son fils y a disparu (sous une bombe des
Américains). C'est un désespoir pour la mère, qui en veut, à la dame de
cette réponse, à l'état d'avoir laissé son fils se faire tuer, et de lui
avoir caché la vérité. C'est par un intermédiaire, le jeune Vietnamien,
qu'est traduit la terrible nouvelle, trop dure à entendre pour la femme
dont le Français n'est pas la langue, qui d'ailleurs n'a plus rien voulu
entendre quand elle a compris à demi mot. Toute la vie de la femme âgé s'est basée,
avec l'idée, que son fils allait revenir,
oubliant de dire depuis combien de temps elle n'en avait plus de
nouvelles.
-
- Si la pièce est longue c'est qu'on suit chaque personnage dans une
séquence de sa vie où le restaurant est le lieu qui les unit. Le
temps du silence, de l'attente, d'un repas partagé, compte pour
s'immerger dans ce qui fait le caractère de ces vies, leurs déroulements,
les mariages et divorces, les tentatives pour vivre comme tout
le monde, avec des origines entre deux cultures. La pièce est fait de
bouts de récits, de personnages incarnés, dans une histoire collectée
par la metteuse en scène, synthétisé dans un même lieu. Il y a des chants
pathétiques, d'autres plus enthousiasmants, dans un coin d'orchestre dans le
restaurant, avec des lumières colorées quand vient le moment, qui éclairent
de chants, de musique et de festivités, la pauvreté de ces
existences.
- Au final, et malgré ses défauts, c'est une chouette pièce,
originale, qui immerge avec humour dans un Vietnam de restaus Parisien
auréolée de pièces de boulevard et de films de type "L'Auberge
espagnole" de Klapish (en moins léger), coloré et musical par
moments, pour nous faire partager des instants de vies différentes de la
notre, matinés d'historique, comme en coulisse.