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Spectacle pour tous, est une compagnie créée en 2010 par une initiative du jeune metteur en scène Hamza BOULAIZ, dont le but est celui de promouvoir et défendre le droit à la culture dans un cadre artistique. Il s’agit, notamment, de la création d’un mouvement culturel impliquant le citoyen marocain. |
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Bravo pour cette création originale réussie et dépaysante, sans vulgarité, pour découvrir sans fard mais avec tendresse et humour, la vie de personnes d'un Maroc actuel, à cheval entre vie du passé et une modernité qui est aussi celle du respect des femmes. Je craignais que le spectacle soit racoleur et bruyant, il n'en est rien, il est au contraire plutôt fin et authentique, et ce qu'on y dénonce ou affiche en le montrant, est édulcoré d'un comique théâtral. Le camion théâtre où est joué la pièce contient, reconstitue sur scène, un petit habitat fait de tapis confortables et de coussins où vivent plusieurs générations de personnes picaresques bien que tout à fait comme on peut en connaitre. Ici nous rentrons dans leur vie quotidienne et apprenons ce dont elle est fait, leurs aspirations, leur conditionnement, après l'ordre religieux, celui des médias, des séries télévisées, qui font entrer une autre époque de façon partielle et fabriquée. Un Khoroto serait un homme qui n'est pas reconnu socialement (on pourrait le traduire par un homme de base, sans reconnaissance sociale, par extension, un looser. Le Khoroto +, à quelque chose malgré tout, qu'il a acquis et qui est valorisant, (quelque chose dont il peut être fier). Sur le tapis familial se prépare une soupe ou un tajine avec des poivrons, des oignons et sans doute de l'ail (fumée odorant qui s'en échappe), à coté se fait la vaisselle dans un baquet (un autocuiseur), mama (un homme voilé) dort dans un coin, avant de chahuter avec sa grande fille qui vient de faire un mariage d'amour (et non un mariage arrangé). Pourtant ce mari est souvent absent. Il veut par honneur, et parce que sa belle mère y fait souvent allusion, rembourser la dot qu'elle a donnée pour sa fille lors de son mariage. C'est un jour en allant à la recherche de son mari partit chercher du travail, que la jeune mariée va en confiance, selon accord préalable, en cas d'absence prolongé, visiter un ami de la famille. Tel le petit chaperon rouge, elle se fera manger, car l'ami était un méchant loup déguisé. Non qu'il soit déguisé dans la pièce, mais c'est ce qui se passe qui donne ce constat, quand plus prosaïquement, mais traité sous le mode du conte, l'homme oblige son invitée à un rapport sexuel qu'elle n'a pas voulu, ce qui s'appelle un viol. Ce sera le déshonneur pour elle, qui plus est si elle est enceinte, ce qui arrive, avec un risque d'assassinat de la fille-mère par ses parents même.... Pendant ce temps le mari, qui était parti chercher du travail, pour devenir un Khoroto + (un qualifié socialement), trouve autre chose là où il va : un homo qui le fait devenir un chien aboyant et attrapant des madeleines que l'autre lui lance. L'homme maintenant avance et recule à quatre pattes, en aboyant comme un chien attaché qui garde la maison, après ce repas et ce jeu avec son maitre. La persistances de l'aboiement et de la posture le rends vraiment chien, ce qui fait entrer dans le fantastique une histoire montée sur le mode comique, rythmée par les appels à la prière retransmis à la radio ou par i phone, le temps passé aux choses quotidiennes, à regarder la télévision et ses Novelas (séries) turques, en fond de vie régulier. Ceci, dans la langue du pays, avec un accent particulier, les phrases traduites sur des écrans en nombre, encastrés en hauteur comme dans un magasin ou une exposition, à droite et à gauche de la scène.
Jeudi 12 juillet 2018
L'équivalent d'"un Khoroto", en Français, serait : "un plouc", "un péquenot" (un paysan dans un sens péjoratif, "un de la campagne"), + : avec une qualification (un diplôme) qui lui permet d'être un peu mieux considéré.
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