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"1960. La France
lance son programme d’essais nucléaires militaires dans le Sahara.
Six ans plus tard, elle le poursuit sur les atolls de Moruroa et
Fangataufa, à quelques centaines de kilomètres de Tahiti, dans
l'Océan Pacifique. 193 tirs, aériens puis souterrains, ont été
réalisés en Polynésie française. Il faudra attendre 1996 pour voir
leur arrêt définitif. Sous couvert de protéger la paix, la France
s'est dotée d'une arme capable de détruire la Terre. Le spectacle
commence autour de la propagande de l’époque, en faveur du nucléaire
et de ses bienfaits. Des éléments d’archives vidéo et audio, des
extraits de discours des politiques de l’époque illustrent le rêve
de progrès et de prospérité promis par l'Etat. La parole des témoins
est ensuite relayée. Elle apporte un éclairage sur la réalité du
nucléaire, les premières prises de conscience, les incidents, les
mystères qui entourent certains évènements, les maladies, les vies
brisées, les désastres sociaux et écologiques. La pièce restitue les
actes et non simplement les récits de souvenirs anciens. Le
spectateur voit se dérouler sous ses yeux les temps forts qui ont
marqué cette période et accède aux émotions et au monde intérieur
des différents protagonistes". "Bouleversant, prodigieux, un
spectacle d'utilité publique !", La Dépêche de Tahiti. "Salutaire !
Un sentiment mêlé de colère et de soulagement car enfin le vent se
lève, Tahiti Infos. "La pièce est très instructive et raconte sans
concession une partie difficile de notre histoire, à voir absolument
!", Heremoana Maamaatuaiahutapu, Ministre de la Culture en Polynésie
Française"
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Pour commencer, en fond vidéo, des images de mer translucide
vert clair sous un léger vent et de beaux nuages, avec ce
bruit rassurant des vagues par beau temps. Sont
attablés ou sur le sable des Polynésiens à l'accent chantant, couronnés
de fleurs, jouant d'instruments produisant une
musique douce et joyeuse. Ce qui permet de s'immerger dans ce
pays, où on parle Polynésien et Français.
Un pécheur hésite à s'embaucher sur l'ile de Mururoa, investie par
des militaires presque d'un jour à l'autre, décrétée base
pour ces essais nucléaires. Un homme plus flambeur, le raille de ne pas vouloir
de la belle vie qu'on leur y propose,
argent, hébergement, nourriture, pour la famille de l'employé aussi. Le premier
se rend compte qu'il y a danger, le second réussit à le convaincre
en lui disant que des médecins présents sur la base lui ont assuré
qu'il n'y avait rien à craindre, que tout était sécurisé. A la fin de la
pièce, ce même homme tousse, malade. Son ami pécheur en guise de résumé
final, s'insurge sur cette supercherie dont ils ont fait tous
l'objet. Cet ami ci, malade, et celui français qui travaillait avec
eux à un poste qualifié devenu leur ami, mort,
sans que les médecins aient voulu dire de quoi. Beaucoup d'employés ont subitement quittés la base pour
l'infirmerie, sans jamais revenir, sans nouvelles apportées par la
direction. Le pécheur dénonce ce qu'il vient de voir et prouve
selon lui la culpabilité de la France qui les a
sacrifié : il vient de découvrir un blockhaus militaire, avec des
objets dedans prouvant leurs vies là bas, un abri recouvert de tôles
d'acier et de murs, n'ayant rien à voir avec l'abri fourni aux employés
Polynésiens, de simples huttes. Pourquoi les militaires
sont-ils si protégés contre les effets du nucléaire s'il n'y a pas
de danger réel connu des dirigeants, et pourquoi leur
abri a eux est fait de huttes en roseaux ? Il lui
parait honteux que leur humanité soit à ce point niée selon de
tels choix.
Sur l'écran en film de plastique transparent, défilent les
lettres d'une liste en train de s'écrire sur une machine à écrire ancienne, de
produits radioactifs, avec la dose utilisée pour
provoquer l'explosion. Ces explosifs portent un nom de code
appartenant à un
même ensemble, par exemple celui d'étoiles dans le cosmos.
La pièce est construite entre autres à partir de documents déclassifiés secret-défense. De 1966 à 1996,
les
essais nucléaires français ont eu lieu en Polynésie. Ils ont alors pris fin officiellement, mais ce n'est qu'en 2016 que le Président
a reconnu enfin la dangerosité des déchets nucléaires et des
irradiations causées lors de ces essais, soit 50 ans après. Les
personnes qui ont travaillés sur la base
militaire ont donc 70 ans. Suite à des recherches, il ne resterait
qu'un survivant, parmi les milliers de personnes employées. Est
doublement indigne de ne pas avoir reconnu avant,
ce qu'on peut appeler le génocide
du peuple Polynésien.
C'est par l'amitié entre polynésiens et Français
partis travailler sur cette base d'essais militaire suite à une
offre d'emploi, qu'on découvre leurs personnalités
empreintes de leur pays d'origine, la crédulité bienveillante des
autochtones et la rouerie sans vergogne de dirigeants dont celle
de l'état agissant à l'image de colonisateurs, entrainant la mort
de leurs employés,
par les effets d'irradiations nucléaires non directement visibles.
Puis, par les déchets nucléaires restant actifs,
mal enfouis, risquant de provoquer à nouveau une catastrophe
sanitaire donnant, pour ses moindres effets, une
cohorte de maladies, de cancers, de problèmes de santé divers, de
malformations embryonnaires.
La pièce par ce sujet touche au mensonge d'état, et au danger
nucléaire
Une pièce utile, dépaysante, politique, ethnologique et
écologique.
vendredi 27 juillet 2018
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