Festival 2018
 
Théâtre citoyen, à partir de 11 ans, langue Française
LES CHAMPIGNONS DE PARIS
d'Emilie Génaédig
1ére à Avignon
Cie du CAMéLéON
Metteur en scène : François Bourcier
 Interprètes : Tepa Teuru,  Tuarii Tracqui,  Guillaume Gay
Contact diffusion : Alexandra Videloup

 

21G Rue des Lices (en face du 60)
Salle Edouard Glissant
 
21H35
 
du 6 au 28
(relâche les 12, 19, 26)
 juillet 2018
 
Durée : 1H35
 
Réservation : 04 90 14 07 49
 
Production :  Cie du CAMéLéON. Coréalisation : ADOC - Théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné. Soutiens : du Ministère de la Culture en Polynésie française, FEAC (Fond d’aide aux Echanges Artistiques et Culturels pour l’Outre-mer), de l'Association Beaumarchais, à l'écriture et à la production - SACD, Air Tahiti Nui.
La pièce à reçue le Prix Beaumarchais 2016.
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Fondée en 2005, la Cie du CAMéLéON propose en Polynésie française une offre culturelle
éclectique tant dans la forme que dans le fond, à la fois populaire et exigeante artistiquement,
invitant à l’échange et à l’éveil des consciences. La Cie a pour activité la création et la diffusion de spectacles vivants, l'organisation d'un festival d’arts mêlés à Tahiti et la mise en place d’un cinéma itinérant à travers les îles de Polynésie française.

 

"1960. La France lance son programme d’essais nucléaires militaires dans le Sahara. Six ans plus tard, elle le poursuit sur les atolls de Moruroa et Fangataufa, à quelques centaines de kilomètres de Tahiti, dans l'Océan Pacifique. 193 tirs, aériens puis souterrains, ont été réalisés en Polynésie française. Il faudra attendre 1996 pour voir leur arrêt définitif. Sous couvert de protéger la paix, la France s'est dotée d'une arme capable de détruire la Terre. Le spectacle commence autour de la propagande de l’époque, en faveur du nucléaire et de ses bienfaits. Des éléments d’archives vidéo et audio, des extraits de discours des politiques de l’époque illustrent le rêve de progrès et de prospérité promis par l'Etat. La parole des témoins est ensuite relayée. Elle apporte un éclairage sur la réalité du nucléaire, les premières prises de conscience, les incidents, les mystères qui entourent certains évènements, les maladies, les vies brisées, les désastres sociaux et écologiques. La pièce restitue les actes et non simplement les récits de souvenirs anciens. Le spectateur voit se dérouler sous ses yeux les temps forts qui ont marqué cette période et accède aux émotions et au monde intérieur des différents protagonistes". "Bouleversant, prodigieux, un spectacle d'utilité publique !", La Dépêche de Tahiti. "Salutaire ! Un sentiment mêlé de colère et de soulagement car enfin le vent se lève, Tahiti Infos. "La pièce est très instructive et raconte sans concession une partie difficile de notre histoire, à voir absolument !", Heremoana Maamaatuaiahutapu, Ministre de la Culture en Polynésie Française"

 

 

 

Les Champignons de Paris apprends la position de la France présidé alors par De gaulle, sur les essais nucléaires c'est à dire pour la bombe atomique Française (arme dite de défense du pays) acceptant de sacrifier le peuple pacifique de la Polynésie, sans informer la population embauchée et les autochtones de ce qui allait leur arriver. C'est à dire, être atteint d'un cancer et sans doute d'en mourir, suite aux  irradiations émanant des retombées du champignon atomique lancé en pleine mer pour les essais.
Les fissures crées par les déflagrations de ces bombes et les déchets nucléaires enfouis peuvent d'autre part provoquer des années après, c'est à dire bientôt sans doute, une nouvelle catastrophe nucléaire. La pièce informe de ce danger, et rends compte de la manipulation politique que ce peuple a subi.
Pour commencer, en fond vidéo, des images de mer translucide vert clair sous un léger vent et de beaux nuages, avec ce bruit rassurant des vagues par beau temps. Sont attablés ou sur le sable des Polynésiens à l'accent chantant, couronnés de fleurs, jouant d'instruments produisant une musique douce et joyeuse. Ce qui permet de s'immerger dans ce pays, où on parle Polynésien et Français.
 
Un pécheur hésite à s'embaucher sur l'ile de Mururoa, investie par des militaires presque d'un jour à l'autre, décrétée base pour ces essais nucléaires. Un homme plus flambeur, le raille de ne pas vouloir de la belle vie qu'on leur y propose, argent, hébergement, nourriture, pour la famille de l'employé aussi. Le premier se rend compte qu'il y a danger, le second réussit à le convaincre en lui disant que des médecins présents sur la base lui ont assuré qu'il n'y avait rien à craindre, que tout était sécurisé. A la fin de la pièce, ce même homme tousse, malade. Son ami pécheur en guise de résumé final, s'insurge sur cette supercherie dont ils ont fait tous l'objet. Cet ami ci, malade, et celui français qui travaillait avec eux à un poste qualifié devenu leur ami, mort, sans que les médecins aient voulu dire de quoi. Beaucoup d'employés ont subitement quittés la base pour l'infirmerie, sans jamais revenir, sans nouvelles apportées par la direction. Le pécheur dénonce ce qu'il vient de voir et prouve selon lui la culpabilité de la France qui les a sacrifié : il vient de découvrir un blockhaus militaire, avec des objets dedans prouvant leurs vies là bas, un abri recouvert de tôles d'acier et de murs, n'ayant rien à voir avec l'abri fourni aux employés Polynésiens, de simples huttes. Pourquoi les militaires sont-ils si protégés contre les effets du nucléaire s'il n'y a pas de danger réel connu des dirigeants, et pourquoi leur abri a eux est fait de huttes en roseaux ? Il lui parait honteux que leur humanité soit à ce point niée selon de tels choix.
 
Sur l'écran en film de plastique transparent, défilent les lettres d'une liste en train de s'écrire sur une machine à écrire ancienne, de produits radioactifs, avec la dose utilisée pour provoquer l'explosion. Ces explosifs portent un nom de code appartenant à un même ensemble, par exemple celui d'étoiles dans le cosmos.
La pièce est construite entre autres à partir de documents déclassifiés secret-défense. De 1966 à 1996, les essais nucléaires français ont eu lieu en Polynésie. Ils ont alors pris fin officiellement, mais ce n'est qu'en 2016 que le Président a reconnu enfin la dangerosité des déchets nucléaires et des irradiations causées lors de ces essais, soit 50 ans après. Les personnes qui ont travaillés sur la base militaire ont donc 70 ans. Suite à des recherches, il ne resterait qu'un survivant, parmi les milliers de personnes employées. Est doublement indigne de ne pas avoir reconnu avant, ce qu'on peut appeler le génocide du peuple Polynésien.
 
C'est par l'amitié entre polynésiens et Français partis travailler sur cette base d'essais militaire suite à une offre d'emploi, qu'on découvre leurs personnalités empreintes de leur pays d'origine, la crédulité bienveillante des autochtones et la rouerie sans vergogne de dirigeants dont celle de l'état agissant à l'image de colonisateurs, entrainant la mort de leurs employés, par les effets d'irradiations nucléaires non directement visibles. Puis, par les déchets nucléaires restant actifs, mal enfouis, risquant de provoquer à nouveau une catastrophe sanitaire donnant, pour ses moindres effets, une cohorte de maladies, de cancers, de problèmes de santé divers, de malformations embryonnaires.
La pièce par ce sujet touche au mensonge d'état, et au danger nucléaire
 
Une pièce utile, dépaysante, politique, ethnologique et écologique.

vendredi 27 juillet 2018