Festival 2018
 
Danse/musique
STORY WATER
Emanuel Gat  et Ensemble modern
Istres, Francfort, Avignon
Création 2018
Chorégraphie, scénographie et lumière : Emanuel Gat
.
Musique : Pierre Boulez, Emanuel Gat et  Ensemble Modern, Rebecca Saunders
Chef d'orchestre : Franck Ollu
Son : Norbert Ommer
Effets électroniques live : Felix Dreher
Costumes : Thomas Bradley
Collaboration lumière : Guillaume Fevrier
.
Interprétation : Arnaud Bacharach, Thomas Bradley, Robert Bridger, Péter Juhász, Zoé Lecorgne, Michael Löhr, Emma Mouton, Eddie Oroyan, Karolina Szymura, Milena Twiehaus, Sara Wilhelmsson, TingAn Ying
.
Saar Berger (cor français),  Jaan Bossier (clarinette), Paul Cannon (contrebasse, soliste Fury II)Eva Debonne (harpe),
David Haller (percussion),  Christian Hommel (hautbois), Stefan Hussong (accordéon),  Megumi Kasakawa (alto),  Michael M. Kasper (violoncelle),
Giorgos Panagiotidis (violon),  Rainer Römer (percussions),  Johannes Schwarz (basson),  Ueli Wiget (piano)
 
Cour d'honneur du Palais des Papes
 
22H
du 19 au 23 juillet 2018

Durée : 1H20

Réservation :
festival-avignon.com,  04 90 14 14 14,
et (sous réserve) au moins 45mm à 2H
avant le spectacle,  sur le lieu de la représentation

Production : Emanuel Gat Dance, Ensemble Modern et Frankfurt LAB e.V. Financée par Kulturfonds Frankfurt RheinMain, la ville de Francfort et l'Ensemble Modern Patronatsgesellschaft e.V. Coproduction : Emanuel Gat Dance Chaillot-Théâtre national de la danse, Festival d'Avignon, de Singel campus international des arts, Pôle Arts de la Scène - Friche la Belle de Mai.  Avec le soutien : de la Fondation BNP Paribas Résidence à La FabricA du Festival d'Avignon. Coproduction : Ensemble Modern Beethovenfest Bonn, Künstlerhaus Mousonturm

"Danseur, chorégraphe, Emanuel Gat fonde sa compagnie en 2004. Ses premières pièces, Voyage d'Hiver et Le Sacre du Printemps ( )". "C'est la première fois qu'il travaille avec l'Ensemble Modern de Francfort, collectif de musiciens ( )"(musique des XXe et XXIe siècles)".
Créé en 1980, l'Ensemble Modern est ( ) gérée directement par les musiciens et organisée selon le principe de la démocratie directe. ( ) Chaque année, l'Ensemble Modern donne une centaine de concerts dans les salles et festivals ( )
Des liens étroits et durables se sont progressivement noués avec des artistes renommés tels que Peter Eötvös, Steve Reich, George Benjamin, Helmut Lachenmann ou Hans Zender".

https://desingel.be/fr/programme/danse/emanuel-gat-dance-ensemble-modern-story-water

 

"Un dialogue inédit entre danseurs et musique contemporaine ( ).. «Une histoire, c'est comme l'eau Que tu fais chauffer pour ton bain Elle porte les messages entre le feu Et ta peau » Comme l'eau du poème soufi – ( ) porte les messages du feu, le corps est le véhicule entre Emanuel Gat et la danse. Story Water réunit sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des papes danseurs et musiciens pris sous les feux d'une même lumière, intensément blanche, qui sublime via les mouvements, une histoire en temps réel, jamais exactement la même chaque soir. ( ) Tous sont emportés dans le même présent par la musique mathématique et méditative de Pierre Boulez, sauvage et physique de Rebecca Saunders et celle composée par le chorégraphe et les musiciens selon les procédés d'une danse où chaque interprète propose à l'ensemble de s'accorder. Tous construisent sous nos yeux une pièce chorale ()  libre, où la danse, la musique et la peinture s'interpellent par le biais des corps, rappelant que, depuis vingt-cinq ans, le chorégraphe ne cesse de réinterroger les infinis potentiels de la relation humaine." 

 

 

 

La très grande scène de la cour d'honneur du Palais des Papes est blanche avec des bandes beige. Sur la droite, comme des jouets, s'entasse un orchestre de divers instruments dans des dégradés de blanc. La lumière reste éclairée quand viennent s'installer les musiciens en costumes blancs, sous les applaudissements.
La musique émergeante est celle que l'on entend avant une représentation lorsque l'orchestre s'accorde. Elle continuera sous ce type presque toute la durée du spectacle, en évoluant vers des morceaux plus construits mais toujours interrompue, dissonant, comme en phases d'essais. Selon le livret, il s'agit entre autres de la musique de Pierre Boulez
 
Des danseurs en maillots de bain soyeux, entrent. Il est dommage de ne pouvoir photographier car l'ensemble graphique dans ce lieu à l'ombre du palais est à la fois esthétique, et un peu étonnant. Ils semblent en répétition, d'abord par deux groupes de cinq. Leur mouvement sont déterminés, ils esquissent des phrases chorégraphiques d'où émanent, le semblant de sens que peut avoir deux corps quand l'un esquisse un geste vers l'autre, sans associant discernée avec les mouvements répétitifs qu'ils exécutent par intervalles. Une de leur figure favorite est celle d'un fou assis par terre, jambes repliées, qui les bougent frénétiquement en avançant comme s'il s'ébrouait ou voulait se lever sans y arriver.  Des mouvements aboutis ressemblant à de la danse, mais pas de sens trouvé avec un semblant de récit, d'évocations, exprimant des sentiments avec un début une fin, une progression.

 

Comme souvent dans ces spectacles, certains commencent à se déshabiller. Ici ils enlèvent leur maillot de bain, mettant à jour leurs sous-vêtements, blancs aussi. Ils ont juste un peu moins de tissus, découvrant mieux leurs anatomies différentes.
 
Le dernier chapitre est abouti en histoire : sur le mur du palais, des phrases s'inscrivent en projection sur le mur du palais tandis qu'un chronomètre depuis le début du spectacle égrène les minutes écoulées. Les mots écrits informent de la situation sur la bande de Gaza (sauf erreur, rien n'y préparait au départ). La presque totalité de ses habitants ne peut recevoir de visa pour voyager, l'aide humanitaire est la principale source de ravitaillement, soixante neuf pour cent des gens sont demandeurs d'emplois, quarante six % des enfants sont dénutris. Tant de pour cent, sont anémiés, et tant autres, victimes de troubles psychosomatiques liés aux événements. Ces informations et d'autres s'inscrivent en français et en anglais, en projections s'allumant ca et là sur les murs du palais.
 
On cherche un lien avec ce qu'on a vu avant. A défaut de lien, il apparait un sens, quand l'un des danseurs s'emmitoufle ades pieds à la tète vec conviction, dans des tissus blancs froissés qu'il enturbannent jusqu'à ce qu'il devienne une énorme chose ronde aux allures de clown, en habit oriental. Il danse, détonant avec l'habit si léger des autres, parfois écarté, chahuté voir agressé par le groupe, qui l'éloigne d'eux (de l'islamisme ?, pour leurs différences ?), sur une musique évoquant l'orient. Il danse en même temps que les autres, mais à coté. On pourrait, bien que le personnage soit drôle, craindre quelques réparties furieuses de quelques extrémistes. Tous sont pareils et dénotent avec l'un des leurs, comme des musulmans fassent à l'islamisme extrémiste.
 
Le spectacle à sa fin à trouvé un sens, théâtral pour son quatrième chapitre, sous la forme d'une boutade, telle : "voilà on est prêt à vous interpréter de grandes choses utiles et théâtrale avec de la danse et de la musique". Ce quatrième chapitre, qui fait rire sur un fond dramatique, est plus compréhensible pourtant que l'histoire métaphorique qu'on peut imaginer guidé par le livret de la pièce : la danse de gouttes d'eau quand elles sont sur le corps, et l'éclosion chlorophylle issue de ces gouttes donnant naissance à des bouquets (de danse)...
 
Ceci, sur la musique d'un bouquet d'instruments mis en scène comme disparates, dans une blancheur unifiante, où les danseurs apparaissent d'abord gémellaires. Créant tous, dissonances et ressemblances, en vue d'accord final, lors de cette répétition qu'assume être le spectacle, fait d'une partie d'improvisation dansée chaque soir.

lundi 23 juillet 2018