les spectacles du Festival d'Avignon 07
J

 

Théâtre, marionnettes, objets
 
JE SUIS UN AUTRE TOI
de Chia-Yin Cheng

Compagnie : La Marionnette et son Double

 

Scénario et Mise en scène : Cheng Chia-yin
Avec :  Ko Shih-hung, Hung Jui-hsia, Liu Yu-Jane, Hsueh Mei-Hua. Musique : Chen Young. Conception des marionnettes : Cho Shu-ming, Cheng Chia-yin. Scénographie : Wu Ming-hsien. Lumières : Wang Tien-hung. Costumes : Luo An-li. Régie : Hsu Pei-shu
 

 

du 6 au 28 juillet 2007 (relâche le 23 juillet)
10H30. Le Funambule : 16/18 rue Joseph Vernet Réservation : 04 90 14 69 29
Durée : 1H05
Le théâtre du Funambule s'attache à programmer des textes d'auteurs contemporains, vivants, et des créations originales. Cette année il met l'accent sur la culture Taïwanaise en accueillant 6 spectacles venus de Taïwan.
 

  

  

 

 

 

C'est un spectacle qui me laisse un souvenir de lumière, de soleil en plein été, un matin, de fleurs superbes odorantes, de camélias mauves, de fleurs jaunes à pistils orangé, alors qu'un personnage minuscule marionnette, admire ces splendeurs, au milieu des papillons qui s'égaient. On entends les légers bruits des vies crissantes d'été, des oiseaux dans le ciel et les arbres. L'homme voudrait sentir une fleur mais elle est trop haute. Un moment plus tard elle se détache de l'arbre fait de troncs entrelaçés, et vient se poser à ses pieds. Il la regarde, la sent, pense l'emporter, se ravise et la laisse dans le jardin, où j'imagine la présence de l'eau nécessaire à toutes ces vies qui l'entourent. C'est un minuscule personnage marionnette, tout blanc, sur une chaise roulante à hautes roues immenses qu'ils fait rouler avec ses bras minces, il avance lentement dans ce jardin merveilleux pour y admirer et respirer la nature.
 
Un enfant marionnette au bord de la mer fait des châteaux de sable accompagné de sa jeune mère aux longs bras fins, il s'avance vers les vagues -un drap blanc qui se soulève doucement-, l'enfant avance, recule surpris par la fraîcheur de l'eau, s'asperge et rie avant de partir nager. Un petit homme âgé en costume cravate, à chaussures à bouts ronds, le long d'une corde qui fait office de voies ferrées, s'apprête à grimper avec sa valise, sur la corde qui se fait échelle un peu plus loin. Il à auparavant tiré sa lourde valise, lentement, avec difficulté, tout absorbé à sa tache, touchante expression de l'effort, avec un  humour qui transmet irrésistiblement une grande tendresse pour ce touchant personnage, si admirablement retranscrit.  Sur l'échelle, sans sa valise, il  admire le ciel vu d'en haut et entends, comme nous les entendons nous aussi,  les oiseaux de mer. On y entend mieux aussi en haut, le bruit du vent. Le petit personnage rajeuni par son escalade au grand air, se transforme peu à peu, il se déplace différemment, maintenant il bondit, il est devenu un très jeune singe curieux de tout qui observe la valise laissé à terre, jouant, insouciant avant de courir vers d'autres découvertes du vaste monde. Le cri des mouettes et du vent, comme mêlés à ceux de chiens qui aboient, se transforment pour devenir des cris de chimpanzés. Un oiseau fait voyager sur ses ailes l'enfant perdu en mer. Une superbe cage à oiseau aux beaux tons de verts, promène en laisse son bel oiseau blanc. Devenu une chose indistincte volumineuse, l'oiseau blanc voudrait réintégrer sa cage mais ne le peut plus. Sa mère l'oiseau cage, amusée, lui caresse la tête mais ne peut le laisser entrer, pleine d'effroi à cette idée. Une femme minuscule marionnette berce un couffin immense; lorsque le bébé grandit et sort de son couffin, il l'effraie et fait fuir comiquement celle qui lui à chanté de douces berceuses.
C'est un spectacle superbe fait de musique et de sons naturels travaillés, remarquables, où les grandes et minuscules marionnettes aux visages ronds sont pourtant plus réalistes, dans la personnalité qui leur est attribué, que ne le seraient peut-être un acteur, pour exprimer les sentiments et l'être d'une personne. Ces personnages forment un tout qui se transforme et revient sous une forme ou une autre. Une belle allégorie aux miracles de la nature dans une observation patiente et émerveillée de ces belles choses autour de nous. Une sorte de morale positive qui pourtant ne cherche pas à enseigner, juste montrer de belles choses, au sens propre comme au sens figuré, et où est présent un humour fin qui provoque simultanément le rire des spectateurs. Ils faut écouter avec attention, ne rien manquer de tous les gestes, car ils sont très beaux, justes, et chaque chose à sa raison d'être. Un paysage lumineux et sonore, fait d'évocations poétique, de merveilleux, naturels et surnaturels. Un spectacle qui entraîne dans les paysages imaginaire et poétique qu'ils décrivent et font ressentir. C'est une perfection dans tout ce qui est montré, suggéré, dans le jeu des personnages marionnettes, dont on oublie totalement que ce sont d'autres personnes, réelles, qui les font bouger et créent l'histoire.   
             
Je pense que ce sera certainement la plus belle pièce que je pourrai voir du festival.
 
dimanche 15 juillet 2007