Un superbe spectacle. Raffiné,
poétique, simple, limpide, parfait. Les tableaux
d'Ensor et des peintres du Nord avec leurs lumières et
les grands espaces de ciels et d'eaux, inspirent cette
fable à l'écriture d'un conte très bien écrit,
vivant, évocateur de bruits, de sons, d'odeurs, de
saveurs, en évoquant ce port de Boulogne où
Philippine vends des crevettes. Parmi les autres
pêcheurs, les embruns, les goélands, le petit peuple
mariniers qui fait vivre l'endroit, et la ferveur et le
sentiment d'unité que crée l'événement d'une fête
improvisée. Celle-ci grâce au financement accordé par un riche
armateur sollicité après une manifestation de révolte
des femmes de la mer, et qui prend ensuite part comme les autres à
cette innovation. Les décors, les tableaux déroulés
pour faire vivre l'histoire, sont d'une exquise
finesse de coloris où tels les vrais ciels du Nord
on trouve toute une palette de couleurs gaies
parmi les tons de gris, bleus, noirs, qui respire la
vivacité de l'air de ces bords de mer. Les mots
épiques, universel, conviennent à cette fable ou ce
roman. L'interprétation et la diction de celle qui
raconte et anime les personnages, de
chiffons, santons, tableaux, figures d'ombres
découpées sur bois, marionnettes comme le goéland
et le squelette, incarnent de manière très juste,
vivante et naturelle cette foule de personnages. La
mallette où se trouve le coeur du décor devient une boîte magique tant l'espace de la scène se remplit des éléments
qu'elle contenait. Accompagné d'autres comme une marionnette
représentant Philippine cette fois d'une taille
presque humaine,
le jeu prend une autre dimension. La mallette refermée
une fois le conte terminé, nous laisse à la
philosophie et à l'évasion de ce récit de l'origine du
carnaval, hors du temps, sur fond de lutte des classes
: une marchande de crevette reçoit la visite de la
mort qui veut l'emporter, négociant elle obtient
quelques jours de sursis qui lui permette, en se
déguisant, de lui échapper, grâce à l'aide de la
population qui refuse cette dictature et se déguise
elle aussi, afin qu'on ne puisse plus distinguer
personne. vendredi 15 juillet 2011 |