festival2011

Théâtre En Mots critiques de théâtre et des arts de la scène

 
Théâtre/ marionnettes, conte, à partir de 6 ans
La naissance du carnaval
de Nicolas Ducron
Mise en scène, texte et musique :  Nicolas Ducron
 
Avec : Isabelle Hazaêl
 
Valise, marionnette, masques et costumes : Martha Roméro

Lumière et régie : François Vallée

Chargée de diffusion : Karine Petit

du 8 au 30 juillet 2011
 
à 14H30
 
13 rue du Pont Trouca
Réservation : 04 32 74 18 54
 
 Durée du spectacle : 50mm
 
 

Coproduction : Centre André Malraux d'Hazebrouck, Ville de Lens. Centre Georges Brassens de St-Martin-Boulogne
Avec l'aide du Conseil Régional du Nord/Pas-de-Calais et du du Conseil Général du Pas-de-Calais.

 

A Boulogne-sur-Mer, il y a bien longtemps, Philippine, une vieille marchande de crevettes, réunit les femmes de la marine et insuffle la révolte. Pour oublier leurs peines et conjurer le mauvais sort elles organisent une fête énorme. Sans le savoir, Philippine va inventer le carnaval. "une fable magnifique, poétique et foisonnante (...) Avec douceur, énergie, et une foule de trouvailles, Isabelle Hazaël anime tout ce petit monde. La scène du carnaval où Philippine échappe à la mort, dans une marée de masques colorés - qui rappellent Ensor - est de toute beauté.." Le point

 

 

 

Un superbe spectacle. Raffiné, poétique, simple, limpide, parfait. Les tableaux d'Ensor et des peintres du Nord avec leurs lumières et les grands espaces de ciels et d'eaux, inspirent cette fable à l'écriture d'un conte très bien écrit, vivant, évocateur de bruits, de sons, d'odeurs, de saveurs, en évoquant ce port de Boulogne où Philippine vends des crevettes. Parmi les autres pêcheurs, les embruns, les goélands, le petit peuple mariniers qui fait vivre l'endroit, et la ferveur et le sentiment d'unité que crée l'événement d'une fête improvisée. Celle-ci grâce au financement accordé par un riche armateur sollicité après une manifestation de révolte des femmes de la mer, et qui prend ensuite part comme les autres à cette innovation. Les décors, les tableaux déroulés pour faire vivre l'histoire, sont d'une exquise finesse de coloris où tels les vrais ciels du Nord on trouve toute une palette de couleurs gaies parmi les tons de gris, bleus, noirs, qui respire la vivacité de l'air de ces bords de mer. Les mots épiques, universel, conviennent à cette fable ou ce roman. L'interprétation et la diction de celle qui raconte et anime les personnages, de chiffons, santons, tableaux, figures d'ombres découpées sur bois, marionnettes comme le goéland et le squelette, incarnent de manière très juste, vivante et naturelle cette foule de personnages. La mallette où se trouve le coeur du décor devient  une boîte magique tant l'espace de la scène se remplit des éléments qu'elle contenait. Accompagné d'autres comme une marionnette représentant Philippine cette fois d'une taille presque humaine,  le jeu prend une autre dimension. La mallette refermée une fois le conte terminé, nous laisse à la philosophie et à l'évasion de ce récit de l'origine du carnaval, hors du temps, sur fond de lutte des classes : une marchande de crevette reçoit la visite de la mort qui veut l'emporter, négociant elle obtient quelques jours de sursis qui lui permette, en se déguisant, de lui échapper, grâce à l'aide de la population qui refuse cette dictature et se déguise elle aussi, afin qu'on ne puisse plus distinguer personne.

vendredi 15 juillet 2011