festival2011

Théâtre En Mots critiques de théâtre et des arts de la scène

 
Théâtre, marionnettes, tout public, à partir de 13 ans
Madame Bovary
d'après Gustave Flaubert
Adaptation : Marie Delhaye, Françoise Lott
 
Mise en scène : Agnès Limbos

Interprètation : Marie Delhaye

Création sonore et régie : Guillaume Istace
Création lumière et régie : Karl Descarreaux
Costumes : Françoise Colpe
Constructions : Marie Delhaye, Zoé Tenret, Olivier Waterkeyn

Affiche, flyers : Antoine Blanquart

Diffusion : Alain Baczynsky

 
 
du 8 au 28 juillet 2011
(relâche  le 18)
 
à 11H
 
1 bis Rue des Escaliers St Anne
Réservation : 04 90 14 07 99
 
 Durée du spectacle : 1H

 

 

Production Cie Karyatides. Coproduction Cie Gare Centrale.  Avec l’aide de la Communauté française, service du Théâtre.

 

Dans cette adaptation du roman, le théâtre d'objets se prête à merveille au jeu de l'écriture cruelle, incisive, de Gustave Flaubert. Emma, fille d’un riche fermier normand, élevée au couvent, rêve d’une vie semblable aux romans qu’elle dévore: pleine de gens idéaux, avec des pensées idéales, dans des corps idéaux. Hélas, la vie n’a rien de ce décor romantique. Que peut faire notre héroïne, une fois mariée à un médecin de campagne sans esprit et sans ambition? Comment échapper à l'ennui? Pour elle, pas de métier, pas d'activités sociales, pas d'amies... Alors? Alors, l'invasion des fantasmes! Où cela la mènera-t-il ?

 

 

 

Un petit bijou qui tient en haleine les spectateurs. Avec de petites choses sur une table (à deux niveaux, arrondie et recouverte de velours noir), des sons, un récit. Une petite poupée, des silhouettes découpées dans du bois, des arbres aux couleurs différentes, des animaux de fermes en plastiques, des chevaliers aux bras articulés. Marionnettes et objets, sont amenés un à un par la comédienne qui les animent, raconte en même temps, puis les enlèvent. Souvent dans le même laps de temps qu'il à fallu pour les y mettre. Les gestes  pour le faire, plus ou moins rapides ou brusques et ceux annexes décrivant une scène, complètent ce que ne dit pas le récit. Son intonation, son visage expressif font de même. Lorsque Emma, poupée sur la table, attends valise à la main son amant qui ne viendra pas la chercher, la comédienne lève la tête, regarde le ciel, interprète l'attente vaine, c'est alors elle qu'on regarde. Les raccourcis pour raconter cette histoire sont remarquables. Ils ellipsent le temps pour passer d'une scène à l'autre et restituent le paradoxe de ce qu'y est dit  et de ce qu'y est pensé, qui est parfois l'opposé. Les créations sonores, les lumières, le décor, participent à faire naître des images. On entends, à l'opéra les instruments qui s'accordent, le brouhaha du public qui s'installe, on voit les fenêtres brillamment éclairées de la figure en carton représentant le théâtre. Sur fond de chants d'oiseaux, sont décrits des champs, un château, des églises. D'une station de radio crissante, une voix de d'époque à l'intonation particulière annonce les personnages masculins de l'histoire qui sont des figures de la société du moment. D'autres enregistrements, font entendre les voix des bien pensants du village qui commentent la façon de vivre des autres.
L'histoire : Une jeune fille sort d'un couvent pleine d'espoir en la vie, se marie et ne découvre que l'ennui auprès de son mari âgé, dans ce village, alors qu'elle rêve d'une vie intéressante et d'amour véritable. Elle s'endette pour vivre quelques moments moins austères. Ni l'ancien ni le nouveau de ses amants ne l'aideront à régler sa dette. Vendeur, huissier et notaire, n'ont aucun état d'âme, si ce n'est de profiter d'elle. Elle choisira de s'empoisonner à l'arsenic, représenté par un immense verre à pied dans lequel  elle plonge, et d'où elle s'agite le verre une fois mis à l'envers. Auparavant elle aura tenté une passion à la portée de sa condition de femme mariée dans un village :  les bonnes oeuvres, et la piété. A cette occasion on assistera à l'hypocrisie de tout ce monde.  De même lorsque le curé débitera sans affect des paroles convenues à son égard. Tout cette jolie société, irréprochable, portant pourtant la responsabilité de cette fin. Si la fin est ainsi, la pièce est vivante, passionnée. Grâce à l'incarnation physique de Marie Delhaye, sa diction, l'idée et le rythme de la mise en scène. On y imagine de beaux ciels, la beauté des éléments de la nature, qui y sont décrits, des lieux variés. Les créations sonores, les voix, majoritairement jeunes, rendent plus proches, tel un film, les personnages et leurs époques.

Mardi 26 juillet 2011

 

 

 

 

 

Extrait du dossier de presse : Karyatides est une jeune compagnie issue des squattages poétiques de Karine Birgé et Marie Delhaye à la Compagnie GARE CENTRALE