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Danse
Partita 2

d'Anna Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz

 

Chorégraphie : Anna Teresa de Keersmaeker
Scénographie : Michel François

Assistanat artistique et direction des repetions : Femke Gyselinck
Coordination artistique : Anne Van Aerschot

avec : Anna Teresa de Keersmaeker, 
Boris Charmatz

Violon : Amandine Beyer, Georges Alexander Van Dam.
Musique : Partita 2, Johann Sebastien Bach)
Costumes :
Anne-Catherine Kunz
Partita 2
Cour d'honneur du Palais des Papes
         place du Palais des Papes      


à
 22H....0
du mardi 23 au vendredi 26 juillet 2013  

Durée : 1H25

Billetterie Cloître St Louis : 
04 90 14 14 14
ou http://www.festival-avignon.com

Palais des papes, avant Partita 2, 50713 Partita 2, fin de spectacle

 

Avec le soutient de Musée de la danse -Centre Chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. Production : Rosas. Coproduction : dont, La Monnaie (Bruxelles). Festival d'Avignon, les théâtre de la Ville de Luxembourg, Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), où a eu lieu la première représentation en mai 2013

 

(extrait du programme du Festival d'Avignon) : "C’est en 2011, lors d’une improvisation spontanée à l’abri des regards, qu’Anne Teresa De Keersmaeker et Boris Charmatz ont pris pleinement conscience de leurs affinités artistiques. Tous deux sont célébrés en tant que chorégraphes mais restent aussi animés par un besoin irrépressible de danser. Tous deux manifestent une aspiration à la structure formelle mais chérissent la liberté de l’improvisation. Pour leur collaboration, c’est dans l’écoute qu’ils se sont mis en mouvement. Ils se rencontrent autour de la Partita 2 pour violon de Johann Sebastian Bach, dans un espace scénique conçu par le plasticien Michel François. Sur un plateau dépouillé, rehaussée de la présence de la musicienne Amandine Beyer, les deux danseurs voyagent à travers cette oeuvre aussi emotionnellement puissante que structurellement parfaite. Avec admiration, mais sans déférence, ils cherchent la danse inhérente à son architecture vivante. Le Kunstenfestivaldesarts nous offre la première mondiale d’une rencontre au sommet !"

 

 

Le spectacle commence dix minutes après l'heure prévue tandis que se remplie tranquillement la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Avec un public plutôt branché, c'est à dire très simple, mais parfaitement couleur locale (Parisien, d'ici, et d'ailleurs), du monde du théâtre, en vacances au pays des cigales -et des moustiques tenaces cette année-, en sandales, shorts, coiffures perchée savamment -ou pas- dénouées, hauts souples vaporeux, robes ou pantalons fluides, fines bretelles, et muni d'huile essentielle de citronnelle comme d'usage dans ces lieux en plein air. La lumière ne se rallume pas, comme en 2011 pour Cesena, le précédent spectacle ici même de Teresa de Keersmaeker, mais là on n'était pas prévenu (il aurait fallu écouter les allusions du jeune étudiant vendeur de billet au Cloître St Louis lors de la réservation, qui conseillait "le premier rang", pour ne pas trop s'ennuyer "au début"). Durant vingt minutes, nous restons dans le noir. Après l'arrivée pourtant d'une dame depuis le fond de la cour, sortie d'une porte à ogive du palais éclairé à l'intérieur à cet endroit, faisant jaillir la lumière un instant. Le temps que la porte lentement se referme avec autant de lenteur qu'elle s'était ouverte, faisant se rétrécir le trait de lumière oblique. Avancant, bientôt dans le noir, la dame est maintenant au bord de la scène. Là apparemment elle ne bouge plus. Si on n’est pas trop loin, on s'aperçoit, qu'en fait elle se balance doucement. Tandis que nous écoutons, un, deux, trois, puis quatre etc... morceaux de musique. Rien à voir avec le charme des pas de danse dans le noir, il y a deux ans, à quatre du matin dans l'attente du lever du jour. Zut ! Flûte ! La dame s'en va, ce n'était pas Anna Térésa. Comme nous ayant joué un bon tour, celle ci arrive d'un bon pas, habillée différemment de la première, venue d'un endroit proche de celui vers lequel s'en est allée sa consoeur, accompagnée du grand Boris, Boris Charmatz. Et la lumière fut. Le grand et la petite, ou plutôt le contraire si on ne tient pas compte de la taille, nos deux compères, exercent rapidement leurs pratiques. Le grand s'élance, il bondit, fait des bonds (de danse bien sur). La plus petite, mille fois exercée à ses figures préférées que son corps et son esprit pratiquent depuis toujours, entame avec lui un ballet à deux. Mi classique, par l'esquisse de figures codifiées, mi contemporain, comme la marche simple, telle qu’ATDK l'affectionne.

Des cercles ovales sont dessinés légèrement sur le sol, ils les suivent par moments. La -jeune- femme (de 50 ans sans doute) est habillée en noir, d'une façon qui évoque l'habit d'une religieuse. Puis sa jupe se raccourcie, son puul s'échancre, il 'est devenu une robe noire de danse (après avoir été remontée, élargie). Une transformation progressive, comme sous l'effet de la danse particulière qui vient d'avoir  lieu avec le grand Boris. L'aînée qui a rajeunie à son contact, entame une danse au sol. Ils tournent à tour de rôle, l'un autour de l'autre, allongés par terre, en étoile. Mettant ses pas dans les pas de l'autre, ou plus exactement, la semelle de l'un sur celle de l'autre, tout en tournant, et en avançant. C'est la dame qui a entamée cette gestuelle, il l'a suivie. Avant qu'il envoie en l'air la dame, toucher du bout du pied la muraille toute proche, comme si elle allait y rester pour y danser, dans une belle envolée. Ceci deux fois. Puis à nouveau plus tard dans le spectacle, à plusieurs reprises. Vingt minutes de cette chorégraphie d'où se dégage un sens, sont l'essentiel du moment de danse. Le reste parait un habillage. Ces pas, selon l'auteur, seraient  issus d'un décryptage mathématique de la musique de Bach.

La grande dame, il y a deux ans, alors qu'elle préparait cette pièce avec Boris Charmatz rencontré à l'occasion du Festival, expliquait que le projet qu'ils envisageaient, serait peut-être plus expérimental qu'abouti, né de l'envie d'un test d'échanges et de partage, de leurs expériences individuelle de la danse.
 
Mais c'était si beau en 2011, qu'on a juste ainsi pas perdu le contact avec cette exceptionnelle chorégraphe.
Dont je n'oublie pas non plus, cette si jolie chorégraphie, objet d'une vidéo, d'un couple attablé devant des champs, sur cette belle chanson désuète et poétique de Bourvil : "Non, je ne me souviens plus... de ce p'tit bal perdu..."

25 juillet 2013