Mise en scène :
Dorian Rossel
Avec :
David
Gobet, Anne Steffens, Dominique Gubser ou Delphine Lanza
Chargée de production :
Muriel Maggos
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Jean Eustache dresse le portrait d’une jeunesse en marge des modèles traditionnels. Il pose la question universelle de l’injustice fondamentale qui préside aux jeux de l’amour et des souffrances qui en découlent. Il en a fait un film phare de la génération qui a eu entre 20 et 30 ans en 1968. Comment faire du théâtre à partir du scénario d’un chef-d’œuvre cinématographique des années 70 ? Comment ces paroles résonnent-elles aujourd’hui et qu’en reste-t-il ? Les doutes peut-être face à un système qui rejette très vite dans ses marges les individus questionnant ses valeurs centrales. Le propos est servi ici par un magnifique trio d’acteurs, un tourne-disque, du champagne et Alexandre est un jeune homme oisif, qui passe son temps à lire dans les cafés du Quartier Latin. Il vit avec Marie - une femme plus âgée que lui - mais est amoureux fou de Gilberte. Celle-ci, toutefois, refuse de l'épouser. Très ébranlé par la nouvelle, Alexandre traîne encore plus que de coutume du côté de St-Germain-des-Prés. À la terrasse d'un café, il remarque une fille qui le dévisage. Il la suit dans la rue. Ils échangent leurs numéros de téléphone et Alexandre ne tarde pas à l'appeler. Elle s'appelle Véronika et est infirmière. Leurs rapports sont d'abord purement amicaux. Alexandre parle beaucoup de lui, de ses angoisses, de sa conception de la vie. Puis il décide d'amener Véronika chez Marie. |
"Je me mets au milieu mais laissez moi dormir" est une sorte de "Jules et Jim", où cette fois c'est un homme qui est aimé de deux femmes. La mise en scène présente l'écriture de la pièce comme un scénario lu, à trois mains, chacun interprétant son rôle. Cela induit une diction telle qu'on l'a pour lire à haute voix, un artifice qu'on trouve dans les films de la Nouvelle Vague et de cette époque. L'environnement porté par le texte est plaisant : des cafés, des sorties, une oisiveté littéraire, la vie plutôt facile d'une époque sans chômage, socialiste et culturelle, une époque de copains et copines, sans barrière ni frontières, concernée pour autant. Un art, que de répéter je ne sais combien de fois le mot "baiser" (du milieu à la fin de la pièce), très sérieusement, sans vulgarité malgré des mots crus (mais pourquoi tant insister ?). Ces personnages sont Rhomairiens, les couleurs de leurs vêtement sont pastels, années 60, assez stricts, sans chichis, simples, avec petit chemisier rouge pour le jeune homme derrière son puul bleu ciel, pour évoquer tout de même bien 68 et sa révolution du mois de mai. Il vit bientôt avec une brune (aux faux airs de Zabou), qui dit avoir 30 ans, 10 ans de plus que leur copine, et maîtresse occasionnelle du jeune homme, une blonde infirmière, très mince, plate et grande, tandis que le texte là détaille à l'opposé -un propos de mise en scène-. La blonde énumère ses aventures, dit aimer ce couple d'amis, qu'elle dit admirer parce qu'ils s'aiment vraiment. En effet ils vivent un quotidien, qu'elle ne vit pas avec son amant occasionnel et copain. On est à une époque où particulièrement, coucher ou pas n'est pas si important. Ces personnages philosophent, leur vie et relations, ils réfléchissent, analysent, rêvent beaucoup. lundi 21 juillet 2014 |