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Avec : Pierre Mifsud Conception : François Gremaud Co-écriture : François Gremaud, Pierre Mifsud Administration, production, diffusion : Michaël Monney |
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"Conférencier à l'esprit d'escalier, Pierre Mifsud a un savoir encyclopédique qui lui permet de toujours retomber sur ses pieds. Un flot de connaissances dans lequel il navigue sans boussole, passant joyeusement du coq à l'âne, du bonbon Haribo à la philosophie de Descartes, des rives de la rigueur scientifique à celles de la folie langagière. Faite de choses et d'autres, cette causerie en 9 épisodes est aussi une réjouissante performance d'acteur. Une prouesse d'équilibriste reposant sur l'essentiel : un comédien face à un public. Sans effet, sans filet". "Pierre Mifsud - sorte de Pécuchet contemporain - salue l'audience et, de lien en lien, de sujet en sujet, de rebond en rebond, du bison à la Reine Margot, de Descartes au bonbon Haribo, de Annie Hall à la Comète de Halley, ne s'arrête plus de parler ( ) « Conférence de choses » est une déambulation ludique au cœur du savoir encyclopédique participatif contemporain, révélant à la fois les vastes étendues qu’il recouvre et quelques-uns des improbables chemins qui le traversent. C’est également une incroyable performance d’acteur qui ne repose que sur l’essentiel : un comédien et un public dans un espace et un temps donné, sans effet, sans filet, sans technique". |
Le spectacle est l'épisode du jour, parmi les 9
qui composent la pièce, jouée en son entier le 17 juillet à la Collection
Lambert (musée d'art contemporain d'Avignon).
Un guide
conférencier nous accueille, affable, grand et chauve, à l'allure
sérieuse, un peu g.o, ou recyclé d'affaires générales qui aurait trouvé
dans son emploi pérenne une occupation plus précaire mais ludique, met en
marche, tout en nous
expliquant ce qu'il fait, un chrono programmé pour 53 mm, avant de le ranger
dans son sac à dos. A nous de l'arrêter quand l'engin sonnera
discrètement... Il commence son exposé adossé à une table. Pas d'effet de lumière. Pas d'exagération théâtrale
apparente, sauf à la fin. C'est un guide conférencier des plus
classiques, qui se pose en reflet de ceux, parmi les brillants, captivant leur auditoire lorsque
leurs
remarques concernent le sujet, objet d'une visite. Il pourrait aussi
être un professeur passionné mais très digressif.
Ici, pas d'objet précis à étudier, mis à part le langage et le savoir
infini, servi par Internet. Ce sont des digressions permanentes. Qui créent un fil au
flot de paroles. A la première écoute, il semble qu'il n'y ait pas de vrai
récit développé.
On s'accroche à des bribes de phrases, fasciné par le débit, et les
gestuelles du guide passionné. Des anecdotes, ajoutées aux faits racontés,
font ressortir une dimension surréaliste intéressante. Le comédien décortique
ainsi pour nous, par son sourire avec lequel il parle, en citant des faits terribles qui auraient pu être arrêtés par les protagonistes dans la vraie vie,
le détachement qui s'opère lors d'un récit, de surcroît historique. Nous
nous positionnant alors, hors d'une
réalité. On ne se pose même pas la question de s'interroger,
de remettre en question le fait décrit, sur lequel on aurait pu agir.
Le guide au gré de ses digressions, décrit le midi de la France,
un accident de cocher et de carriole renversée, étudie des peintures
comme "La Dentellière" de Vermeer. Il parle sous la forme d'un
dialogue possible en s'adressant au public, mais il n'en est
rien. Il soliloque, part sur le chemin qu'il veut, fait des gestes
pour rassembler et convaincre. Il a l'air disponible à l'intervention
d'un tiers, mais seulement pour un très court instant. Son phrasé est
celui, lent, très distinct, des discours. Ses digressions sont à elles
seules des exposés, sur des anecdotes décortiquées mises à jour, qu'il
conclut, en citant encore et encore de nouvelles choses. Tout cela est dit d'un
ton docte, sans autre enjeu que celui de nous donner ces
informations sans objets véritables. Le ton
employé, les descriptions précises, donnent crédibilité à ses
informations, nées d'un savoir tout de même. Pourtant c'est stérile,
puisque sans but.
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