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Texte et Mise en scène : David Lescot Scénographie : François Gautier Lafaye Assistante à la Mise en Scène-Administration : Veronique Felenbok Interprètes (en alternance) : Suzanne Aubert, Théodora Marcadé, Lyn Thibault, Marion Verstraeten Lumières : Romain Thévenon
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Durée : 1H10
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David Lescot aime mêler diverses de ses expressions, l'écriture dramatique, la poésie, la musique, la mise en scène, l'interprétation. Il met en scène des pièces de théâtre et des opéras en France et à l'étranger, à obtenu divers prix (meilleure création, Molière de larévélation théâtrale, sacd) est artiste associé au Théâtre de la Ville de Paris, à la Filature-SN de Mulhouse et à la Comédie de Caen |
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C'est une pièce formidable, d'une époustouflante simplicité et économie de moyens pour évoquer tout un univers avec justesse, de façon agréable et drôle, usant de trouvailles de mise en scène. Au delà du sujet de l'enfant qui passe en 6éme et à peur du monde qui s'ouvre devant lui, c'est l'histoire de la dureté du monde des adultes, dans lequel il faut se battre, de la difficulté et la peur qu'il y a à changer de condition de vie, dans un environnement inconnu aux règles nouvelles. Les jeunes comédiens sont captivants, ils incarnent excellemment leurs personnages, désarmants de vérité. C'est une pièce très écrite, où tout à un sens. 50mm font revivre cette période de notre vie, avec ces sentiments qui apparaissent dérisoires maintenant, mais qu'on a bien vécus, dont l'étude et le récit font rire spontanément. C'est du point de vue de l'enfant qu'on se place. Puisque c'est lui même qui nous raconte sa peur, ses parents, sa petite soeur de 2 ans ans et demi avec qui il parle et qui lui répondant, se présente à nous. Comme le fait son camarade de 14 ans, trouvé par sa mère pour le rassurer, qui raconte à son cadet de 10 ans et demi, ce qui va l'attendre puisqu'il à déjà vécu ce que l'autre redoute (passer du cm2 à la 6éme), sans lui en épargner le coté effrayant. Pour commencer sur scène, un plateau éclairé en jaune, d'où l'enfant extrait une table sur laquelle on croit qu'il va s'adosser, avant qu'une deuxième table déployée, n'en fasse un vrai bureau, tandis que malin d'un regard il se rend complice avec nous de ce subterfuge. Un déploiement à tiroirs, comme le sens de cette histoire. Puisque ce changement de condition redoutée, de l'état d'enfant vers celui d'adulte, peut être aussi celle de tout changement de vie. C'est d'une trappe de ce plateau à tiroirs souterrains, qu'émerge la petite soeur, dont on ne voit que dépasser la tête, un ballon aux lèvres, coiffée de couettes, qui marmonnent des choses incompréhensibles, à 2 ans et demi, mieux comprises par son frère. D'un heureux caractère, entre des demandes légitimes "d'aller voir le feu d'artifice", et des épisodes de trucidage de sa poupée, entre de longs discours adressés, elle sait aussi faire à son frère l'étonnante proposition "d'aller à l'école à sa place". Ceci, après qu'il lui ai dis sa terreur à y aller, lui avoir appris que ce serait aussi son tour bientôt, et qu'elle s'en soit étonnée, puisque lui allait à l'école : "non ce n'est pas un seul enfant par famille, qui va à l'école". Le garçon de 14 ans conseiller pour s'en sortir, chevelu, futur rocker hirsute, tel qu'on a pu voir nos petits frères à l'époque quand nous avions 10 ans, lui donne des clefs de survie dans ce qui préfigure le monde des grands. "Si on me vole mes habits, ça voudra dire que c'était de la marque" conclut le plus jeune. Il doit se renseigner auprès de ses parents pour savoir "s'ils sont riches ou pauvres", ce qui déterminera s'il sera raquetté. Le futur 6éme ne sera plus choyé, se retrouvera insignifiant au milieu des autres tous plus grands, y compris pour les maîtres, il n'y aura plus un enseignant unique, mais un par matière. Ce à quoi correspond des changements de classe, le début d'une certaine liberté, la fin d'un cocon, le début d'une nouvelle ère, celle des adultes. Le garçonnet passe l'été pas comme d'habitude, se mettant en dehors des jeux et de ses amis habituels, qu'il trouvent bébés, ce n'est que le dernier jour qu'il commence à regretter ces vacances à la mer, avant le moment fatidique. Afin d'incarner le récit dans une ambiance, outre des brouhahas de gens le jour de la rentrée attendue, la rue, les voitures évoquées par des sons, deux lutins en capuchon noirs de dos, pour imiter un feu d'artifice, lèvent les mains paumes ouvertes qu'ils montent dans l'espace l'une devant l'autre, avec des "pschitts" étonnamment bien imités, de salves du feu. Pour figurer l'environnement de bord de mer à Quiberon où ils passent les vacances, les lutins noirs à l'arrière de la scène-estrade, poussent des cris de mouettes très évocateurs et réels. Avec une description de mer miroitante, on y est, c'est très reposant, avec de la simple lumière jaune qui éclaire la scène, figurant maintenant du soleil sur le sable où le jeune garçon est assis.
lundi 17 juillet 2017
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