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Théâtre, tout public à partir de 7 ans
J'ai trop peur
de David Lescot
 
Cie Du Kaïros
 

Texte et Mise en scène : David Lescot

Scénographie : François Gautier Lafaye

Assistante à la Mise en Scène-Administration : Veronique Felenbok

Interprètes (en alternance) : Suzanne Aubert, Théodora Marcadé, Lyn Thibault, Marion Verstraeten

Lumières : Romain Thévenon

Diffusion : Antoine Blesson
Presse : Olivier Saksik
2, rue des écoles
(angle rue Guillaume Puy)
 
10H15
du 6 au 26 juillet 2017
relâche les 12, 19

Durée : 1H10

Réservations :
-Par CB par téléphone (de 10H à 18H)  :
04 90 85 12 71
-Vente sur place de 10h à 18H
-En ligne sur le site de la Manufacture
-Réservation professionnels :
07 83 60 86 40

 

 

Production : Théâtre de la Ville, Paris -Compagnie du Kaïros. La Cie du Kaïros est soutenu par le Ministère de la culture, la DRAC Ile de France
 
Texte de la pièce  publié aux Editions Actes sud-papiers, coll. "Heyoka jeunesse"
 
"J'ai trop peur" sera du 26 au 31 mars 2018,  à Paris, au Théâtre de la Ville,  puis en tournée nationale  

David Lescot aime mêler diverses de ses expressions, l'écriture dramatique, la poésie, la musique, la mise en scène, l'interprétation. Il met en scène des pièces de théâtre et des opéras en France et à l'étranger, à obtenu divers prix (meilleure création, Molière de larévélation théâtrale, sacd) est artiste associé au Théâtre de la Ville de Paris, à la Filature-SN de Mulhouse et à la Comédie de Caen

 

       

"J'ai dix ans et demi. C'est mon dernier été avant la sixième. Et la sixième, tout le monde sait que c'est l'horreur. L'horreur absolue. Alors je suis mal, très mal même, et j'ai peur, trop peur. On a beau passer l'été comme chaque année à Quiberon, à la mer, la mer qui est froide et pleine de vagues, cette fois pour moi les vacances c'est l'enfer. Je reste sur la plage comme un vieux gars, je vais pas dans l'eau, je garde mon t-shirt. Les types de l'année dernière, avec qui je m'étais bien éclaté, maintenant je les trouve graves.
Ma petite sœur de deux ans et demi, qui en temps normal est déjà très agaçante, elle m'exaspère carrément. Sa manière de parler surtout, on comprend rien,(), elle considère que c'est aux autres d'essayer de capter ce qu'elle dit. Et le plus rageant, c'est que tout le monde trouve ça génial. Alors, ma mère a eu une idée. Elle m'a organisé un rendez-vous avec Francis, un gars de quatorze ans qui passe aussi ses vacances dans le coin. Histoire de me détendre. Je peux lui poser toutes les questions que je veux, il me décrit le truc. Et là je m'aperçois que je m'étais bien trompé sur la sixième : selon Francis, la sixième c'est pire, () que ce que je croyais ! () c'est carrément l'apocalypse, la fin du monde quoi !
Donc c'est décidé, j'irai pas (). () Les jours passent de plus en plus vite () il faut vraiment que je me dépêche de trouver une idée. "J'ai trop peur, c'est une affaire de langage". Comment parle-t-on à dix ans et demi ? Et comment pense-t-on, par conséquent ? Et quelques années plus tard, à quatorze ans, et à deux ans et demi ?"

 

 

       

C'est une pièce formidable, d'une époustouflante simplicité et économie de moyens pour évoquer tout un univers avec justesse, de façon agréable et drôle, usant de trouvailles de mise en scène. Au delà du sujet de l'enfant qui passe en 6éme et à peur du monde qui s'ouvre devant lui, c'est  l'histoire de la dureté du monde des adultes, dans lequel il faut se battre, de la difficulté et la peur qu'il y a à changer de condition de vie, dans un environnement inconnu aux règles nouvelles. Les jeunes comédiens sont captivants, ils incarnent excellemment leurs personnages, désarmants de vérité. C'est une pièce très écrite, où tout à un sens. 50mm font revivre cette période de notre vie, avec ces sentiments qui apparaissent dérisoires maintenant, mais qu'on a bien vécus, dont l'étude et le récit font rire spontanément. C'est du point de vue de l'enfant qu'on se place. Puisque c'est lui même qui nous raconte sa peur, ses parents, sa petite soeur de 2 ans ans et demi avec qui il parle et qui lui répondant, se présente à nous. Comme le fait son camarade de 14 ans, trouvé par sa mère pour le rassurer, qui raconte à son cadet de 10 ans et demi, ce qui va l'attendre puisqu'il à déjà vécu ce que l'autre redoute (passer du cm2 à la 6éme), sans lui en épargner le coté effrayant.

Pour commencer sur scène, un plateau éclairé en jaune, d'où l'enfant extrait une table sur laquelle on croit qu'il va s'adosser, avant qu'une deuxième table déployée, n'en fasse un vrai bureau, tandis que malin d'un regard il se rend complice avec nous de ce subterfuge. Un déploiement à tiroirs, comme le sens de cette histoire. Puisque ce changement de condition redoutée, de l'état d'enfant vers celui d'adulte, peut être aussi celle de tout changement de vie. C'est d'une trappe de ce plateau à tiroirs souterrains, qu'émerge la petite soeur, dont on ne voit que dépasser la tête, un ballon aux lèvres, coiffée de couettes, qui marmonnent des choses incompréhensibles, à 2 ans et demi, mieux comprises par son frère. D'un heureux caractère, entre des demandes légitimes "d'aller voir le feu d'artifice", et des épisodes de trucidage de sa poupée, entre de longs discours adressés, elle sait aussi faire à son frère l'étonnante proposition "d'aller à l'école à sa place". Ceci, après qu'il lui ai dis sa terreur à y aller, lui avoir appris que ce serait aussi son tour bientôt, et qu'elle s'en soit étonnée, puisque lui allait à l'école : "non ce n'est pas un seul enfant par famille, qui va à l'école". Le garçon de 14 ans conseiller pour s'en sortir, chevelu, futur rocker hirsute, tel qu'on a pu voir nos petits frères à l'époque quand nous avions 10 ans, lui donne des clefs de survie dans ce qui préfigure le monde des grands. "Si on me vole mes habits, ça voudra dire que c'était de la marque" conclut le plus jeune. Il doit se renseigner auprès de ses parents pour savoir "s'ils sont riches ou pauvres", ce qui déterminera s'il sera raquetté. Le futur 6éme ne sera plus choyé, se retrouvera insignifiant au milieu des autres tous plus grands, y compris pour les maîtres, il n'y aura plus un enseignant unique, mais un par matière. Ce à quoi correspond des changements de classe, le début d'une certaine liberté, la fin d'un cocon, le début d'une nouvelle ère, celle des adultes. Le garçonnet passe l'été pas comme d'habitude, se mettant en dehors des jeux et de ses amis habituels, qu'il trouvent bébés,  ce n'est que le dernier jour qu'il commence à regretter ces vacances à la mer, avant le moment fatidique.

Afin d'incarner le récit dans une ambiance, outre des brouhahas de gens le jour de la rentrée attendue, la rue, les voitures évoquées par des sons, deux lutins en capuchon noirs de dos, pour imiter un feu d'artifice, lèvent les mains paumes ouvertes qu'ils montent dans l'espace l'une devant l'autre, avec des "pschitts" étonnamment bien imités, de salves du feu. Pour figurer l'environnement de bord de mer à Quiberon où ils passent les vacances, les lutins noirs à l'arrière de la scène-estrade, poussent des cris de mouettes très évocateurs et réels. Avec une description de mer miroitante, on y est, c'est très reposant, avec de la simple lumière jaune qui éclaire la scène, figurant  maintenant du soleil sur le sable où le jeune garçon est assis.

C'est un texte à relire, une pièce à revoir, c'est une création réussie et bénéfique, riche d'enseignement humoristique. Sur ce qu'on a été, le problème des  rapports de forces, comme par les "hordes de ceux de 3éme" qui rackettent les plus riches, de la manière d'appréhender l'inconnu en le préparant, comme en apprenant à tenir son plateau à la cantine car on ne sera plus servis à  à table à l'assiette, à travers le regard d'un enfant de six ans.

lundi 17 juillet 2017

 

 

 

 

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