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Théâtre, à partir de 10 ans
Les Fils de la terre  
d'après le documentaire d'Edouard Bergeon
 
Compagnie Arbre

 

Adaptation et mise en scène : Elise Noiraud

Interprètes : Benjamin Brenière, François Brunet, Sandrine Deschamps, Julie Deyre, Sylvain Porcher, Vincent Remoissenet

Lumières : Philippe Sazerat
Son :François  Salmon, Adrien Soulier
Costumes : Mélisande De Serres
 
Aide matérielle : Compagnie Etincelles- Aubervilliers
Régie tournée: Tristan Mouget
Diffusion : France Fievet
Théâtre des Lucioles
10 Rue du Rempart St Lazare  (Porte de la Ligne)
 
18H50
 
du 6 au 30 juillet 2017
relâche les 12, 19, 26

Durée : 1H25

Réservation : 04 90 14 05 51

   
 
Production Arbre Cie, Coproduction Théâtre 13,  Soutien SACD
Spectacle lauréat du "Prix Théâtre 13", Jeunes Metteurs en Scène 2015 (prix du public et prix du jury)

 

   

"Dans le sud de la France, Sébastien, un jeune agriculteur, porte à bout de bras la ferme familiale. Son exploitation est au bord du gouffre : Sébastien croule sous les dettes car le lait qu'il produit se vend chaque jour moins cher. Et chaque jour, son père lui répète qu’il ne fera jamais aussi bien que lui. De pressions financières en pressions familiales, le fils va devoir choisir : sauver la ferme de son père ou sauver sa vie".
Une «tragédie rurale» puissante et universelle, inspirée du film documentaire d'Edouard Bergeon (2012)".
 
 
 
     
 
 
C'est une pièce de théâtre à voir, pour devenir convaincu de consommer en circuit court, et se rendre compte de la portée dramatique d'une loi sur le destin d'une famille, l'arrêté de non profit suffisant d'une ferme. La pièce, suivant le documentaire dont elle est issue, faisant état de la trajectoire individuelle d'une famille d'agriculteurs, touche à la tragédie muette d'un monde qui se tourne, celui de ceux qui nous nourrissent et nous maintiennent ou non en bonne santé. La tragédie agricole causés par les profits à outrance d'intermédiaires et supermarchés empêchant de vivre de leur travail ceux qui les fournissent. De lois qui favorisent une rentabilité aberrante, la vente de produits agricoles venant de plusieurs centaines de kilomètres tandis que nous avons les mêmes sur place.
Une histoire de vie, aux moments dramatiques finissant bien heureusement, se déroule devant nous. Avec ce dont on ne parle qu'à la fin, ces tragédies évitées que de justesse, n'auraient pas existées si les acteurs le l'industrie capitaliste n'avaient pas été laissés faire par le gouvernement. C'est en trouvant d'autres solutions, évitant les intermédiaires par des ventes "en direct", jusqu'aux supermarchés, que ces agriculteurs sauvent leur vie, en pouvant continuer à travailler leur exploitation et leur troupeau, en phase avec la vie actuelle.
La pièce ne s'appuie pas sur des revendications. Le monde judiciaire y est très présent pourtant, avec le membre du tribunal qui vient gérer leur sursis de 6 mois avant la liquidation judiciaire s'ils n'ont pu faire remonter leur affaire. Il y a presque du Kafka dans ces intrusions, dans des situations empreintes de drôleries dans la solennité.
L'histoire romanesque, commence par un tas de paille épique sous un puit de lumière, ramassé à la pelle sans relâche par un homme. Issue de la vraie vie -documentaire-, l'histoire est jouée par des comédiens qu'on identifient totalement à leurs rôles, auxquels on s'attache, qu'on a l'impression de connaître. Pas d'accent surjoué, ils sont vrais et actuels. Alliés à des évocations de l'époqu des années 70 qui ont vues leur jeunesse, le temps d'un retour à la nature florissante, évoquées, par des habits intemporels à carreaux et jeans, des chansons de l'époque ou plus récentes, dans un ameublements simple avec du papier peint fleuri. Des intérieurs qui peuvent exister encore, même si comme Sébastien, le fils et gérant de l'exploitation, certains habitent maintenant en dehors de leur ferme.
La mésentente d'une famille amène à ce que le fils, tenté de moins se tuer à la tache que le père, en vienne à ne plus vouloir retourner travailler à la ferme, prêt à engager une nouvelle vie, incité par sa femme éloignée de ce monde agricole et qui attends leur enfant. C'est sur conseil d'audit qu'est montré autant la souffrance de cette femme lors de son accouchement, pour la famille dont est tirée l'histoire sans doute, pour minimiser le fait, que, suite à la tentative de suicide de son mari se voyant sans soutient, sans solution équitable pour tous le monde, elle trouve adéquat de le faire interner. La pièce ne portera pas sur les dérives de ces lieux d'enfermements, de maltraitances qui peuvent conduire à la mort dans ces endroits formatés pour être hors des réalités humaines et de la justice. La pièce ne fera pas état des médicaments donnés de force aux enfermés, se retrouvant alors pris de spasmes bloquant les muscles, empêchant de fermer la langue, pouvant aller jusqu'à l'arrêt cardiaque, sans que cela soit justifié même par un état agité. Ce séjour de repos, ici, fait prendre conscience à l'agriculteur, que la meilleure solution est de retourner à la ferme, qu'il n'a quitté que parce qu'il ne ne supportait plus les remontrances de son père lui reprochant de ne pas être aussi assidu que lui, 24h sur 24, 7 jours sur 7 au travail. Sa femme le quitte alors, on pouvait s'en douter, ce qu'il surmonte, empoignant sa nouvelle vie, avec la recherche des bonnes solutions pour s'en sortir, avec les autres fermiers des environs, en inventant un autre mode de distribution, le plus directement du producteur au consommateur.
 
La création sonore est remarquable, très naturelle et travaillée. Les sons, de la nature, de l'orage, les chansons, qui s'éloignent pour laisser place au jeu théâtral, ponctuent, ou s'invitent comme un autre personnage sur scène, dans le lointain ou très proche. La lumière se fait comme un écrin d'espaces différents, successifs ou simultanés de l'histoire quand deux actions se déroulent sur le plateau, figurant la vie de l'un et de l'autre.
C'est une pièce forte, qui abat carte sur table, le problème qu'on ne voulait peut être pas voir, quand à l'avenir de nos campagnes, de nos fermes si on veut les conserver à taille humaine, où les animaux peuvent être respectés et par là nous même. La pièce aussi, fait la démonstration d'un chemin de relations humaines perturbé par les ennuis, quand ils apparaissent insolubles, quand on s'englue sur un problème. Et comment, agir autrement, par le biai d'un autre moyen, avec d'autres gens, permet de retrouver la sérénité de la vie normale harmonieuse, dans l'amour de ce que l'on aime faire.
 
Merci aux comédiens d'avoir si bien empoigné cette histoire complexe et dense, dans une pièce qui ne manque pas d'humour, de répliques et de personnages drôles, attachants.
 
Dimanche 16 juillet 2017