- Voilées semblent en fait parler d'abord du
genre, selon un des thèmes choisi dans le Festival In par Olivier Py son
directeur. Il transpire du spectacle être fait par des femmes, sans que
l'amour des hommes qu'ont les femmes généralement, ne soit exprimé. Et
cela manque, comme quelque chose de bancal par rapport à cette
hyperféminité ambiante. Ce que n'inverse pas le geste de l'une d'elle,
qui par la danse, nous montre étonnamment son intimité sur le devant de
la scène, d'un mouvement, à l'envers de jambes en l'air face au
public, curieusement (conseil de scénographie
suggéré par des agents perturbateurs on pourrait le penser). Même
impression d'entre soi pour soi, dans le défilé de mode offert par ces
brodeuses, avec quelque chose d'agressif comme pour un défilé gay pride
(voila qui devrait plaire à Utopia non loin, en version hommes). La
jeune femme à longs cheveux blonds, grande marionnette de chiffons,
baba cool en pull à col roulé orangé et pantalon marron, qui évoque sans
paroles, sans doute la figure de la mère de l'héroïne racontant son histoire et
celle de sa famille, à l'air d'avoir été elle, une femme qui aimait les
hommes, avec le doux espoir de faire continuer notre planète, une fleur cachée derrière l'oreille. Pourtant elle semble
mal aimée, d'abord remisée
au placard sur un coté, elle n'aura que peu de temps une
place dans un fauteuil, interviewée, avant d'être ligotée pour être
donnée à ranger comme marionnette sous forme de balluchon, qui
ressemble alors à la cigogne bébé dans un mouchoir noué en guise de
couffin, des contes.
- La scène carré, vide au centre, tout se
joue sur les cotés, dans un rangement maniaque, sans élément de décor,
tandis qu'à la fin de la pièce, de petits ventilateurs envahissent
l'espace, mêlés aux machines à coudre, et cartons d'expéditions de la
petite entreprise de broderie, de Villers-Outreaux dans le Nord, dont
est tirée l'histoire. Car cette entreprise est à la famille de
la comédienne, qui a voulu dit-elle, parler de ce savoir en péril, plusieurs fois se recyclant, pour perdurer. De la broderies classique aux
soutiens-gorges, pour arriver d'un savoir plutôt utilisé dans la
chrétienté, à celui des voiles utilisées par des musulmanes, et la
réalisations de différents tissus. L'héroïne dit avoir eu l'envie et
la curiosité de rassembler ce qu'il y a de commun à ces
religions et ces pratiques, afin que ce qui crée discorde, soit apaisé,
en mettant à jour des similitudes de sens et de raisons, et surtout
faire comprendre aux chrétiens le désir du voile de certaines musulmanes
(tandis que ce voile avait été abandonné par les parents de celles qui
le mettent aujourd'hui). Ce spectacle donc est fait pour rassembler
officiellement. "Voilées", pourrait aussi évoquer un
besoin impérieux de nous dire
de façon voilée quelque chose. De même que le voile se mettait sur la
tête des personnes allant au confessionnal dans la religion
chrétienne, pour avouer leur péchés, quand l'église remplaçait le psy,
ou jusqu'au début du 20éme siècle, quand l'église était une loi (l'état), comme
elle l'est encore pour des femmes musulmanes de pays conservateurs.
-
- Concrètement le spectacle est fait de témoignages,
dits par la comédienne ou par diffusion sonore, de femmes qui
parlent de leur rapport à la religion et
au voile. De religions différentes, des question leurs sont posées,
afin qu'elles expliquent si elles sont croyantes, si elles osent ou non
le dire, la place de Dieu pour elles, comment elles manifestent leur
foi, et si elles ont une autre forme de croyance si elles ne croient pas en Dieu
(ndlr : la comédienne enregistre parfois des gens pour ce spectacle, dont en
stop, ce qui n'est pas valide en terme d'autorisation, même en cas
de réinterprétation). Le résultat, monté de ces interviews et
enregistrements est dit (sauf à la fin où il est diffusé) par la
comédienne, dont la voix est amplifiée comme par un micro qu'on ne
voit pas.
- C'est une petite voix très sérieuse, qui hésite sur les
mots, avec les accents précieux des années 70 modernisé sur
celui des années 60. Cette voix revient sur les mots, imitant le
tempo d'une vrai interview pour laquelle où on cherche ses mots. Cet
effort pour parler de choses que des interviewées trouvent un peu
ridicule sur la foi ou non, avec cette voix un peu ridicule aussi,
devient légèrement exaspérant. Paraissant la voix de très jeunes
esprits, pas encore dans la vie avec charges d'enfants, mari,
travail, paraissant telle, celles de personnes fumant des pétards
comme ils en existaient, persuadées de philosopher est d'être dans
le vrai de la vie (ce qui l'était pour une part d'ailleurs, en ce
qui concerne un sens de l'écologie à protéger, le gout de la
liberté et de l'indépendance dans le respect de l'autre). A la place de "voilées" on pourrait
peut être choisir celui d'"évaporées", qui conviendrait à la voix gênée et apprêtée portant
ces témoignages, en gâchant leurs
particularités, même leurs sens, à moins que ce ne soit voulu
pour porter en ridicule toute foi. En tout les cas c'est un avis
personnel.
-
- Le sujet est
intéressant, et les témoignages sans doute aussi, traités autrement.
Pour brosser un
portrait actuel de jeunes et de plus âgés, sur la question
du voile (qui ne devrait pas poser problème), la
croyance en général, ce qui crée un apaisement dans la vie, le vivre ensemble d'humains portant des signes distinctifs dans
leur habillement, et la réhabilitation du savoir faire textile.
Juillet 2018
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