- Les spectateurs s'installent remplissant peu à peu les
gradins de la Cour d'honneur du Palais des Papes. Sur scène, dans la
pénombre, un banc de bois immensément long sur presque toute sa
longueur, fait d'un bois à lamelles, un peu rougeâtre. Les
trompettes du Festival retentissent à nouveau, après le premier appel
d'entrée, sur la Cour, au soleil déclinant mêlées au son d'un ballet
d'hirondelles brusquement venues voleter parmi ces vieilles pierres,
semble t-il (en fait intégrées au signal musical, rappellant celui
existant depuis les début du Festival crée en 1947, une partition enlevée
puis reprise heureusement).
- Sur scène, un a un, de jeunes personnes arrivent,
s'assoient sur le banc. Habillés comme nous, en short,s chemises légères.
Ils s'assoient chacun à leur façon, laissant à terre leur tote bag, comme
les spectateurs. Le banc peu à peu se remplit. (..)
Les trois premiers quart d'heure du spectacle sont
superbe, en harmonie avec la coir d'honneur moyenâgeuse, sur une
musique de clavecin très belle, avec les danseurs non habillées
classiquement mais dont les vêtements de notre époque, quotidiens, ont des
couleurs pastels, rose, vert, bleu ciel et une variation plus foncés. Ils
marchent, dansent et virevoltent comme les aiguilles d'une horloge, bien
droits, mécaniquement, comme si la marche du temps s'accélèrait. Leur
gestes sont aboutis, fluides, l'ensemble est parfait. Leurs personnages,
souvent animés séparément, aux tons doux colorés de façon unis,
différentes pour chacun, permet de les imaginer comme de petits
santons de la crèche de Noêl dans un village provençal. La musique à
une place importante, dans le processus d'accélération des
personnages, qui d'une vie remplie, occupée, passe à une agitation de plus
en plus grande, faisant perdre les repères normaux pour l'exécution des
mêmes activités.
- Dommage que le metteur en scène et chorégraphe écoute de mauvais
conseils de gens hors milieu semble-t-il, car sa seconde partie du
spectacle bascule dans le glauque. Un homme eurasien se trémousse en
slip après avoir enlevé son pantalon. Par sa danse accroupie qu'il
effectue dos à nous, il montre via un écran géant sur les murs du
palais, ses parties génitales (caché par le vêtement), puis un autre
homme fait de même, puis une femme avec un piercing, effectue ce genre
de danse, où la partie centrale du corps est l'endroit principal en
mouvement, suivi de respirations haletantes, évoquant une séance de
masturbation diffusée sur écran.
- Yann Martens, en rencontre artiste-spectateur confirmera l'idée de
spectateurs, que cela veut évoquer le futur de la vie des gens de plus
en plus séparées, à l'heure des technologies et autres Covid...
(ouh lala !... "Non Non pitié !, pour ce discours légitimant ces
scènes... "). Une mauvaise idée dont est légèrement gênée le metteur
en scène, il évoque un manque de temps pour mieux finaliser la
proposition pour la cour (le festival). L'auteur dit, n'avoir surtout
pas voulu faire un spectacle en restant dans la tradition (ce qu'il
auurait jugé ringard), il a voulu déconstruire, particulièrement à la
fin, l'esthétique. Cela a plû à une jeune fille, trouvant
l'orientation choisie du spectacle en adéquation avec sa vision
pessimiste de l'avenir, partagée, dit la jeune gothique, par les
gens de sa génération. D'autres spectateurs ont été choqués. Tandis
que d'autres ont préfères en rester sur la trés belle impression
d'excellence de la première partie faisant vivre un moment particulier
mémorable dans cet espace de la cour d'honneur. La toute fin présente
une chorégraphie millimétrés comme au début, énigmatiquement sombre
(...)
juillet 2022
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