- A découvrir, si on veut avoir la chance de voir une pièce de
vrai théâtre de boulevard intelligent, actuel, bien vu
sous tous ses aspects, avec une comédienne aux faux airs de
Marie-Anne Chazel, drôle et attachante dans son rôle capital, en dame "perchée" (dixit
selon leur hôte) qui a sauvé d'un élevage
délictueux, des
poules, dont elle en garde trois dans sa cuisine (l'une vient de
pondre un oeuf !), et Gauthier Fourcade, son mari dans la pièce (qui
joua tant d'années au Festival Off ses propres pièces dans les années
2000), ainsi que, c'est incroyable !, voir peut être l'auteur dans la
salle, de cette pièce que je jurerais avoir vu jouée à Paris diffusée à la télévision, et il
me semble ayant pu faire l'objet d'un film...
- Les acteurs sont formidables, réparties, intonations pour faire
rire naturellement, mimiques juste ce qu'il faut pour qu'on croit à
leurs sentiments divers, et un texte parfaitement clair et rythmé,
comme un moment de vie réelle,
sans temps mort, mises à part les coupes de l'histoires, lire une
lettre, sorties des uns et des autres, passer d'un jour à un autre. Les
décors, composés d'une foule d'éléments, pour rendre un appartement
charmant pimpant, désuet comme une maison de poupée, faisant penser à
un jardin sans le voir. Une allusion drôle est faite à l'art
contemporain, à travers une fausse cheminée faite en tubes assemblés
sur un socle, et transportée comme une oeuvre au milieu de la cuisine
pour qu'on ne risque pas de la dérobée subrepticement... Les lumières, du matin et du soir, sur le
séjour avec plusieurs espaces, et de plus petites, renouvellant les
lieux. L'histoire est dans la tradition théâtrale, et de notre époque
par les faits et personnages.
-
- Un couple dont le fils est parti pour un long séjour à l'étranger,
accueille; non une jeune Italienne comme prévu, mais un jeune homme
d'apparence (pour eux) Islamiste. Ils s'en méfie, malgré leur coté
bobo. Ils font des erreurs de psychologie, vexant le taciturne
barbu...
- L'affaire s'expliquera avec une montée en puissance presque
thriller, jusqu'au dénouement inattendu et crédible (et sans drame). Un
des comédien demande après les saluts, de garder celle-ci secrète si on parle
de la pièce, afin
d'en garder la surprise ! Tout au long, les reparties, les discours et
suppositions font mouche, avec humour et un rire franc, pour
représenter l'état d'esprit, des uns et des autres.
-
- Il y a une gradation de la méfiance de la part du couple hébergeur,
toujours traitée avec l'humour d'une comédie de théâtre de boulevard,
et de détails ancrant dans la vie d'aujourd'hui, cette base intemporelle
de dramaturgie, chez ces gens familiers des luttes pour les droits
humains, manifs, défense des animaux. Dans un milieu culturel et
ouvert, baigné tout de même de l'actualité des médias qui incitent à
avoir peur de certains physiques et provenances. Face à leur
"locataire" mutique, devenu menaçant dans sa posture lors d'une
discussion entre l'hébergeur et l'hébergé sur la religion (donnant
lieu à une scène de sketch, le barbu devenant agressif face à ce
sujet de discussion qu'il trouve inadéquat), leur inquiétude, d'un peu irraisonnée, devient de plus en plus légitime. Jusqu'à les
décider de quitter les lieux...
- S'il faut trouver une morale, à l'histoire, selon Malick, le
Bruxellois de Molembeck recu, qui fait peur : "la religion est une affaire
personnelle, ancrée dans la vie des musulmans, qui pour les modérés
l'interprète comme prodiguant le respect de chacun", explique-t-il.
Balayant les études avec lectures de pages du Coran par l'hébergeur
lettré discutant, auquel il avait renvoyer quelques pages de la bible
jugée similaires, d'une manière frôlant l'agression.. Est-il bien dit
-par l'hébergé-, que les religions érigées comme dogmes, lois
obligatoires, divisent les gens au lieu de les rassembler ? Il
poursuit en disant qu'étant donné que pour les musulmans la religion
est une loi, il ne faut pas leur parler de religion, lui-même se
présentant comme Belge, n'aurait pas l'idée d'aller chez des amis
(d'une autre origine physique que lui), et de leur parler d'emblée de
religion..." Ouf on y arrive ! Il trouve qu'il a été accueilli
bizarrement à cause de son allure.. En l'occurrence c'était finalement aussi il faut le dire dans un second temps,
a cause de son attitude d'évitement. Et il s'avère au bout du
compte qu'il n'a pas un profil innocent.
- Du pur spectacle, avec une trame émaillée d'actualités, rire et
suspense, milieu agréable, avec une critique, peut être cachée dans
l'affiche, pour quelqu'un qui connaît l"époque d'une fameuse chanson
de Souchon (censurée aujourd'hui)... sur la peur d'autrui dans un
certain milieu. Une affiche qui autrement, résume bien, le seuil de
tolérance de néos-bobos, défenseur du bio et de l'entraide (jusqu'à un
certain point).
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